Même si les vagues de chaleur ont épargné l’hexagone cette année, les pouvoirs publics en France au même titre que les citoyens, sont conscients du déploiement de la climatisation face à la récurrence croissante des épisodes caniculaires. L’impact de la clim notamment des clims de fortune, sur la facture énergétique et les émissions de CO2 est reconnu aussi, notamment par l’Ademe. Certains pensent même que c’est le nouveau défi à relever en termes de précarité énergétique mais aussi en termes de santé publique. Pourtant, rien n’est fait dans le plan de rénovation énergétique en France, pour endiguer un recours massif à la climatisation lors des vagues de chaleur irrémédiables que nous devrons traverser dans les années à venir.
Des simulations prouvent l’efficacité des protections solaires
« Avec l'augmentation des épisodes caniculaires, il est urgent de promouvoir le déploiement des dispositifs passifs permettant de limiter la température des logements. Les dernières simulations réalisées démontrent que l'utilisation des protections solaires est l'une des meilleures solutions pour améliorer le confort d'été, sans avoir d'impact sur la consommation d'énergie d'un bâtiment et donc ses rejets de gaz à effet de serre. Selon le type de protection solaire utilisé, il est possible de réduire la température intérieure de 2 °C à 5 °C » souligne Hervé Lamy, Délégué Général du Groupement Actibaie par voie de communiqué de presse. Le confort d’été, la capacité de résilience des logements face à la montée des températures estivales est une problématique incontournable du bâtiment aujourd’hui. Dans le neuf, la France est à la pointe de la performance environnementale des bâtiments avec la RE 2020 qui va pousser les prescripteurs à préconiser une conception bioclimatique des bâtiments pour bénéficier des apports solaires en hiver et pousser aussi à prescrire des protections solaires (volets et stores) pour garantir le confort d’été sans augmentation de l’impact carbone. Sans protection solaire, un bâtiment neuf ne pourra pas respecter les seuils réglementaires de la RE 2020. Sur ce segment la France est plutôt en avance ; dans la rénovation en revanche, elle a pris du retard.
La France, mauvais élève de l’Europe
Ces protections jouent un rôle de thermostat des parois vitrées mais ne sont toujours pas prises en compte dans les aides à la rénovation énergétique. Exclus du CITE en 2017, les volets isolants ne sont toujours pas éligibles à MaPrimeRénov'. « À l'inverse, nos voisins Allemands, Italiens ou Suédois ont bien compris l'enjeu écologique : les gouvernements ont mis en place des mesures incitatives, pour encourager l'installation de protections solaires, dont la France pourrait s'inspirer. En tant que produits contribuant à réduire l'inconfort et les consommations d'énergie des bâtiments, les protections solaires devraient bénéficier d'un taux de TVA réduit de 5,5 % », propose Hervé Lamy.
Au micro de Bâtiradio sur Equipbaie 2021, ce dernier évoque une image frappante qu’il utilise lors de rencontres dans les ministères ou avec des députés concernés par la question : « On n’imagine pas installer une chaudière dans un bâtiment qui n’est pas isolé ; c’est inconcevable à l’heure actuelle. Pourtant, aujourd’hui, on installe de la clim dans des bâtiments qui ne sont pas conçus pour être protégés contre le rayonnement solaire. Cela doit cesser ». Comme il le précise, il ne s’agit pas de s’opposer à la climatisation mais d’inciter financièrement à recourir aux protections solaires, solutions vertueuses d’un point de vue économique et environnementale, pour optimiser la thermique d’été du bâtiment et limiter le recours à la climatisation. Cheval de bataille du Groupement Actibaie, les protections solaires, n’ont pas fini de faire parler d’elles. Le célèbre Climate Change Committee (CCC) au Royaume-Uni a récemment reconnu l’ombrage solaire dynamique comme une solution passive pour réduire l’impact de la surchauffe dans les bâtiments. La filière est en ordre de marche pour faire entendre raison aux décideurs et protecteurs du climat à l’aube de la COP26. J.B.