La pergola, espace quatre saisons

Les Français accordent une importance croissante aux travaux d’entretien et de rénovation, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de leur habitat. Le confort, la performance énergétique et l’esthétique figurent désormais parmi les principales priorités. Plusieurs facteurs expliquent cette tendance : un recentrage sur le domicile accentué par le Covid-19, une conjoncture économique tendue, la hausse des prix de l’immobilier, une TVA réduite sur certains travaux, et un fort engouement pour l’univers de la décoration, largement relayé dans les médias.

Dans le même temps, le secteur non résidentiel cherche des solutions pour prolonger l’usage des terrasses, que ce soit dans les établissements CHR (cafés, hôtels, restaurants), les maisons de retraite ou les sièges d’entreprise.

Le marché français de la pergola bénéficie d’une dynamique nettement favorable depuis une quinzaine d’années, malgré un tassement observé depuis deux ans.

« Au cours des dernières années, de nombreux nouveaux acteurs ont intégré le marché français des pergolas. Qu’ils soient issus des univers de la véranda, des profils aluminium ou des stores, ces nouveaux entrants ont stimulé la dynamique du marché, apportant une offre supplémentaire, de la communication pour le produit et donc une notoriété plus poussée pour les équipements. Grâce à cette offre étoffée, la pergola a bénéficié d’un phénomène de démocratisation avec une baisse des prix sur les modèles standards », indique l’étude sur le marché des pergolas en France réalisée par MSI Report en janvier dernier.

Historiquement perçue comme un équipement de confort d’été, la pergola a évolué avec l’arrivée de modèles à toile puis de versions bioclimatiques à lames orientables dans les années 2000. Ces innovations ont permis de répondre à des attentes plus larges : protection contre la pluie, le vent, le froid, intégration de chauffage ou fermeture verticale.

Des éléments autrefois optionnels – éclairage LED, motorisation, toiles latérales – sont aujourd’hui des standards. Le marché gagne en technicité et en diversité. Pour répondre à la demande de confort, les fabricants de pergolas bioclimatiques développent des systèmes avec lames rétractables et mettent en avant des solutions de chauffage, brumisation, son, etc. Les produits s’automatisent, connectés à des capteurs d’ensoleillement ou thermiques permettant de piloter l’ouverture des stores et l’orientation des lames du toit. Pour la visibilité, on voit désormais des stores zip équipés de toiles screen double face : « La face claire vers l’extérieur permet de réfléchir la lumière et la face foncée côté intérieur absorbe l’énergie solaire et assure une meilleure transparence », explique Patrick Joyeux, directeur commercial Marquises.

Côté toile, les propositions sont de plus en plus travaillées, avec des effets de matières et des microperforations. L’acoustique a également fait l’objet d’études minutieuses. « Nous avons travaillé sur l’absorption phonique, un aspect crucial dans le secteur de l’hôtellerie », précise Déborah Peyrucq, dirigeante de Socotex, qui rappelle que l’aluminium des pergolas bioclimatiques ou le verre résonnent beaucoup et que pour gagner en confort acoustique et thermique, les solutions en toile (stores verticaux, vélums ou toiles tendues) sont un excellent complément.

Autre axe de travail : innover dans les mécanismes pour ne pas proposer que du motorisé afin de pouvoir répondre à tous les budgets et toutes les typologies de surface.

En effet, la pergola se démocratise doucement, aidée par les industriels qui cherchent à contenter une clientèle plus vaste. « Ces produits représentent un investissement », reconnaît Vrège Jeloyan, directeur général de Biossun, qui ajoute : « Nous avons cependant élargi notre gamme avec un produit entre 7 500 et 13 000 euros TTC. » Des prix qui restent malgré tout plus élevés qu’en grandes surfaces de bricolage.

Pour les professionnels du CHR, la pergola représente un véritable levier de rentabilité. « Elle permet d’optimiser le nombre de couverts et d’amortir les investissements rapidement, quelles que soient les conditions climatiques », note Vrège Jeloyan. Et Jérôme Foucault, directeur général de KE France, d’ajouter : « Nous vivons avec le marché. Si le CHR est en forme, le marché de la protection solaire pour la restauration sera en forme ».

Plus récemment, les pergolas ont trouvé leur place dans les sièges sociaux d’entreprise ou les clubs sportifs qui souhaitent équiper leur zone de détente de protection solaire haut de gamme, allant de petites terrasses à de gros projets techniques. Ces projets techniques, souvent liés aux normes des établissements recevant du public, exigent des solutions sur mesure, sans compromis sur la sécurité, l’ergonomie, le SAV ou la maintenance.

Segment émergeant, la combinaison pergola et photovoltaïque. « Les demandes sont essentiellement pour des rooftops. Intégrer une production d’énergie via des toitures photovoltaïques facilite l’obtention des autorisations pour des projets en neuf», précise Jérôme Foucault.

Le secteur se partage entre les pergolas toiles et les pergolas bioclimatiques, à lames orientables et désormais rétractables, qui portent le marché. « C’est une évolution majeure : cela permet de laisser entrer la lumière l’hiver sans assombrir la maison », souligne Patrick Joyeux.

Pour autant, les deux technologies sont complémentaires. « L’essor des pergolas à lames bénéficie aussi aux modèles à toile : plus on parle de pergola, mieux c’est », estime Déborah Peyrucq.

La pergola toile séduit par sa légèreté, sa modularité, ses formes personnalisables et son coût plus abordable. Elle est également très prisée dans la restauration et l’hôtellerie. « Elle permet de couvrir de grandes surfaces à des prix raisonnables et évite certains désagréments, face aux pergolas bioclimatiques, qui nécessitent plus d’entretien », note l’industrielle normande.

La pergola bioclimatique, quant à elle, permet de moduler la lumière et d’aménager un espace protégé, optimisant son utilisation. « Pour créer un espace avec du mobilier fixe, protégé même en cas d’averse, la bioclimatique est idéale, surtout avec des parois vitrées ou des claustras », explique Vrège Jeloyan. Il précise cependant que « malgré les efforts techniques, aucune pergola ne peut garantir une étanchéité totale. En cas de forte pluie, des débordements sont possibles, et les assurances ne la reconnaissent pas comme une structure étanche ».

Produit technique par excellence, la pergola nécessite une pose professionnelle, souvent assurée par des installateurs formés directement par les fabricants. « Les distributeurs ne sont pas de simples revendeurs à qui nous livrons un produit. Nous les accompagnons avec des formations en interne, des configurateurs et des notices d’explication », précise Vrège Jeloyan. Ces derniers travaillent à une simplification de la pose, permettant ainsi une plus grande rentabilité. Cet accompagnement est d’autant plus crucial sur les projets ERP, où la réglementation impose des contraintes fortes. « Ces chantiers nécessitent des équipes dédiées et une étroite collaboration avec l’installateur », conclut Jérôme Foucault.