Depuis plusieurs années maintenant, la rénovation – ou entretien-amélioration, comme le nomme la Fédération française du bâtiment – porte le marché du bâtiment, face à un neuf en fort déclin, et notamment sur le secteur du logement, en très mauvaise posture.
Attention à ne pas se méprendre, si l’on parle de « porter le marché », il ne s’agit pas pour autant de crier victoire. En effet, la note de conjoncture du bâtiment publiée en novembre dernier par la FFB note que « le segment de l’amélioration-entretien poursuit son ralentissement et se stabilise quasiment au troisième trimestre 2024, alors que la rénovation énergétique amorce une baisse, singulièrement dans le logement ». La Fédération tient notamment pour responsable « la réforme trop brutale de MaPrimeRénov’ ». D’ailleurs, depuis que cette dernière a été suspendue, MaPrimeRénov’ semble se porter beaucoup mieux (voir encadré).
MaPrimeRénov’ se porte bien
Il n’y a pas souvent de bonnes nouvelles en matière de conjoncture dans le bâtiment ces temps-ci. On peut donc apprécier le bilan publié par l’Anah pour le troisième trimestre 2024. C'est 1,85 milliard d’euros d’aides MaPrimeRénov’* qui a été accordé, contre 673 millions au deuxième trimestre et 366 millions au premier trimestre.
On voit notamment une belle augmentation des projets de rénovation d’ampleur, avec 70 601 dossiers déposés depuis le début de l’année, dont 35 775 au troisième trimestre, et 42 745 aides accordées. Le montant moyen déboursé par logement est lui aussi en hausse. Concernant la rénovation par geste, on constate qu’elle profite au changement du système de chauffage (77 %), largement devant les travaux d’isolation (16 %).
Ce bilan intervenaient alors que le ministère du Logement du gouvernement Barnier avait publié le 5 décembre dernier un arrêté et un décret parus au Journal officiel précisant que l'entrée en vigueur de l'obligation d'une rénovation d'ampleur pour les logements classés F et G n'entrerait en vigueur que le 1er janvier 2026, laissant ainsi ouverte la possibilité de monogestes dans ces logements en 2025. De même, l'obligation d'effectuer un DPE pour l'accès aux aides en monogeste est décalée au 1er janvier 2026. Par ailleurs, l'arrêté modifiait un certain nombre de barèmes de prise en charge, dans la perspective d'une baisse de l'enveloppe globale (prévue dans le projet de loi de finances, au devenir incertain à l’heure où nous écrivons ces lignes).
Concernant la rénovation globale, le barème chute pour les ménages supérieurs. Il passe de 30 à 10 % pour les travaux générant un gain de deux classes de DPE, de 30 à 15 % pour trois classes et de 35 à 20 % pour quatre classes.
Optimisme
Si la rénovation est en baisse, le secteur de la fermeture et de la protection solaire a des atouts qu’il ne faut pas négliger. « L’entretien- amélioration de l’habitat va forcément repartir », note Yann Borgnic, responsable marketing et commercial de Bel’m, qui explique : « La conjoncture actuelle est compliquée, avec notamment une situation politique tendue depuis le mois de juin et une inflation élevée depuis un certain temps. Cela a mené à une espèce d’attentisme des particuliers qui avaient des projets de travaux. Mais ils finiront par se lancer. »
Autre raison d’être optimiste pour le marché : « Il y a en France plusieurs millions de logements considérés comme des passoires énergétiques* - étiquette F et G - et ayant une faible performance énergétique (étiquette E) - qu’il va falloir remettre en état. Cela correspond à de potentiels chantiers pour les années à venir. Face à l’incertitude sur le marché de la construction neuve, mieux vaut mettre en place un plan d’action pour la rénovation », indique Franck Jennepin, chef de Produit chez Préfal.
À suivre… Les fermetures, carte d'identité de la maison, l'importance de l'esthétique dans les opérations de rénovation.