Les portes automatiques avec contrôle d’accès permettent de fluidifier le passage et de filtrer les personnes avec autorisation d’entrée. © Dormakaba
Les portes automatiques avec contrôle d’accès permettent de fluidifier le passage et de filtrer les personnes avec autorisation d’entrée.
La porte automatique piétonne a plus d’une corde à son arc. Connue pour son aspect pratique à l’entrée des magasins, on la voit ici outil de sécurité pour les lieux sensibles face aux risques d’intrusion ou de vandalisme. Une performance due tant à sa composition technique qu’à son association à des systèmes de contrôle d’accès ou d’alarme/télésurveillance.

Lorsque l’on demande à une personne non-aguerrie quel est le rôle d’une porte automatique piétonne, elle parlera de fluidité du passage, peut-être de contrôle d’accès et d’hygiène. Certains, plus renseignés, évoqueront également les économies d’énergie et sa capacité à garder la chaleur ou la fraîcheur des lieux concernés.

Et pourtant, loin de l’idée d’un simple produit léger, presque architecturale parfois, avec des surfaces vitrées de plus en plus importantes et épurées, la porte automatique piétonne est aujourd’hui demandée pour son aspect sécuritaire. « Depuis près de cinq ans, nous constatons sur le marché français une augmentation des demandes de portes automatiques piétonnes sécurisées. L’objectif : lutter contre les risques d’intrusion mais aussi contre le vandalisme, en hausse, notamment, avec les émeutes que l’on a connues ces dernières années », note Yannick Bocquet, président-directeur général de Softica. Des besoins qui ont poussé les fabricants à développer des produits renforcés techniquement. « Il s’agit autant de sécuriser les biens à l’heure où les bâtiments sont vides que les personnes durant le temps d’utilisation du bâtiment », note Amine Bouziane, chef de produits marketing chez Dormakaba France.

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© Softica
Les portes peuvent être équipées de serrures à trois points à crochet homologuées A2P.

Mis à part certains sites sensibles (commissariat, secteur bancaire, ambassade) équipés de longue date par des produits sécurisés, les demandes récentes concernent majoritairement les commerces qui ont pignon sur rue (les plus à risque lors des émeutes urbaines), les grandes surfaces, les bâtiments administratifs ou encore les musées. Nouveaux clients dans le secteur des portes sécurisées, les services des urgences s’équipent également peu à peu. « C’est assez récent, mais devant l’augmentation de la violence, les hôpitaux cherchent à sécuriser les urgences, avec notamment un contrôle d’accès renforcé à certaines heures, souvent la nuit », explique Sandrine Thevenoud, responsable commerciale France de Portalp.

Remplacer le rideau métallique

Pourquoi développer des portes automatiques piétonnes sécurisées quand on peut installer des rideaux métalliques, dont c’est la fonction première ? «C’est la solution idéale pour les architectes qui ne sont pas friands des rideaux métalliques, qui dénaturent leur travail architectural. Sans compter que la porte et le rideau nécessitent deux contrats de maintenance… Autant en économiser un », indique Gilles Darellis, directeur grands comptes chez Citec. Même son de cloche pour Yannick Bocquet, qui rappelle que « dans les quartiers où interviennent les architectes des bâtiments de France, les rideaux ne sont pas toujours appréciés… Avec la porte sécurisée, on couple la prévention aux intrusions ou au vandalisme à l’esthétique. En fin de compte, cela revient moins cher que d’avoir les deux produits.  »

Référentiel et définition pour la classe CR3

Le cambrioleur essaie d’entrer à l’aide d’un pied-de-biche, d’un autre tournevis et d’outils à main, tels qu’un petit marteau, des chasse-goupilles et un outil de perçage mécanique. En s’aidant du pied-de-biche, le cambrioleur a la possibilité de décupler les forces exercées. À l’aide de l’outil de perçage, il peut s’attaquer à des dispositifs de fermeture vulnérables. Le cambrioleur est généralement un opportuniste, dispose de certaines informations sur le niveau de résistance potentiel et le temps et le bruit sont ses principales préoccupations. Il n’y a pas de connaissance spécifique préalable de l’éventuel butin et le niveau de risque accepté par le cambrioleur est moyen.»

RC2 et RC3

Pour pouvoir remplacer ces rideaux métalliques, les portes doivent être labellisées RC2 ou RC3, une qualification antieffraction qui atteste des mêmes critères de sécurisation qu’un rideau métallique. Elles sont homologuées auprès du CNPP, le Centre national de prévention et protection qui teste les portes sur trois essais encadrés par les normes EN1627/EN1628/ EN1629/EN1630. D’abord, un essai statique avec, notamment, le test du sac de sable de 50 kg lancé sur plusieurs points de la porte, suivi du test à la poussée à l’aide d’un vérin et de patins de pression exerçant un effort de 200 N sur les mêmes points.

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© Softica
Softica ajoute un rail de guidage en aluminium pour éviter l’utilisation de pieds de biche et l’effet de levier.

Ensuite, l’essai dynamique. « Les vantaux sont sanglés à deux vérins qui impriment une traction de 300 kg chacun sur chaque vantail pendant 30 secondes. Deux essais sont réalisés et ne doivent pas permettre le passage d’un gabarit de 10 mm de diamètre entre les deux vantaux », précise Gilles Darellis.

Dernier test, le plus destructeur : la tentative d’effraction. Deux spécialistes en grande forme physique essaient d’ouvrir les portes avec une vingtaine d’outils référencés pendant 20 minutes. « On parle là de 20 minutes effective. C’est-à-dire que dès que les professionnels changent d’outils ou éprouvent le besoin de s’arrêter quelques secondes, le temps est arrêté. » L’objectif : trouver les points faibles. « Par rapport à un voleur “lambda”, les spécialistes ont l’analyse technique de la porte et tous les plans. Par ailleurs, ils reçoivent les portes 15 jours avant les essais et ont la possibilité de faire des tests pré[1]liminaires. » S’ils parviennent à ouvrir la porte, ils doivent alors pouvoir faire passer une empreinte spécifique. « Si l’empreinte passe, la porte n’obtiendra pas la qualification », conclut Gilles Darellis, qui précise que le critère CR3 correspond à une tentative d’intrusion d’opportunité avec un panel de quelque 29 outils qui vont du tournevis au coin en bois en passant par le pied de biche et la clé à griffe.

Verre de sécurité

Les points faibles d’une porte se portant majoritairement sur la partie centrale, la sécurité supplémentaire des portes automatiques sécurisées tient à la qualité du vitrage et des menuiseries en aluminium ainsi qu’au dégondage de la porte ou au verrouillage renforcé via des serrures à trois points à crochet homologuée A2P*. « Nous ajoutons un rail de guidage en aluminium au sol pour éviter l’utilisation de pieds de biche et l’effet de levier », détaille Yannick Bocquet.

Les vitrages – renforcés eux aussi – sont en règle générale en verre feuilleté, un verre de sécurité utilisé tant pour les pare-brise de voiture que le garde-corps ou les sols vitrés. « Le verre feuilleté traditionnel est composé de deux verres collés avec un film butyral au milieu permettant, en cas de casse, que le verre ne s’éparpille pas en 1 000 morceaux. Dans un verre sécurisé, SP 10 ou SP 15, on augmente le nombre de feuille de butyral à six, ce qui permet d’augmenter la solidité du vitrage », explique Sandrine Thévenoud. Le verre ultime, le pare-balles, peut-être demandé. « C’est plus compliqué… Il faut pouvoir travailler avec des prestataires qui font des menuiseries pare-balles. On est là face à des produits extrêmement lourds », ajoute la responsable commerciale France de Portalp.

Système de contrôle d’accès

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© Portalp
La porte Tina 2 version Lumina de Portalp, conçue pour un trafic élevé, s’intègre facilement et assure une sécurité optimisée.

À la technicité des portes automatiques peuvent être couplés des systèmes de contrôle d’accès ou de vidéosurveillance pour encore plus de sécurité, proposés par les industriels eux-mêmes ou par d’autres prestataires. Il est ainsi possible de commader les portes à distances via des télécommandes ou des applications. Ces dernières permettent également de donner des informations sur la situation, savoir si la porte est ouverte ou fermée par exemple.

Les portes peuvent également être reliées à un système de contrôles d’accès permettant d’ouvrir la porte uniquement si on le souhaite. Système désormais habituel dans les commissariats ou les banques, on le voit se démocratiser peu à peu dans les bijouteries ou, comme évoqué plus haut, dans les hôpitaux, et spécifiquement les services d’urgences. On est alors loin de l’image traditionnelle de la porte automatique qui s’ouvre dès que l’on passe devant. Avec ce contrôle d’accès très pointilleux, des sas-écluses sont généralement mis en place : une première porte permet d’entrer librement. En revanche, pour passer la seconde porte, il faut s’annoncer via un interphone ou une caméra.

Capteur de contact sensitif

L’intégration de ces systèmes renforcés dépend des professionnels. Ainsi, Dormakaba France dispose d’une offre de contrôle d’accès permettant de détecter des pannes éventuelles ou encore de contrôler à distance l’ouverture de la porte mais n’a pas développé d’offre de télésurveillance. Il a néanmoins fait en sorte que ses produits soient compatibles avec tous les équipements proposés sur le marché. Même procédé pour Softica, qui a préparé ses cartes électroniques à d’éventuels branchements pour le contrôle d’accès ou une alarme. Portalp a pour sa part développé un système de contrôle d’accès avec un prestataire permettant d’utiliser la porte avec une carte, une télécommande ou une clé de proximité. « Nous pouvons lier ce système avec de la vidéosurveillance », ajoute Sandrine Thevenoud.

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© Citec
La porte Citec est certifiée A2P. L’ensemble de son process de production est suivi et validé par le CNPP. L’entreprise est auditée chaque année en termes de suivi et de qualité de production.

Entre autres propositions, Citec propose d’intégrer des capteurs d’impact sensitifs qui analysent les éventuels coups portés sur la porte et envoient les informations aux responsables de sites. L’entreprise travaille également sur l’intégration d’une caméra qui enverrait elle aussi des informations à la moindre alerte d’impact et déclencherait une alarme, sur le même modèle que les systèmes pour particulier qui préviennent directement les propriétaires et/ou la police. « Si on peut empêcher des intrus d’entrer avant même qu’ils n’aient fracturé la porte, cela permet de limiter les dégâts, voire de sauvegarder le produit », note Gilles Darellis.

La limite de l’acte terroriste

Ces portes sécurisées ont néanmoins leur limite face au risque d’intrusion. Si elles peuvent empêcher un émeutier de vandaliser ou un cambrioleur de dérober et d’agresser les personnes présentes dans les lieux, elles restent forcément limitées face au risque, régulier désormais, d’une attaque terroriste de grande ampleur. « Elles pourront éventuellement ralentir l’attaque, voire empêcher un acte individuel et amateur », analyse Yannick Bocquet. « Mais il est évident que face à des terroristes motivés et équipés, elles ne résisteront pas sur la durée. »

*La certification A2P est une marque de qualité officielle qui s’applique aux produits et matériels de protection contre l’intrusion. Elle garantit un process de fabrication et de suivi de production rigoureux et normé.