Se réveiller avec le grésillement entêtant du moustique au creux de l’oreille. Abandonner sa terrasse pour le déjeuner par angoisse du désormais célèbre moustique tigre… Des images presque cauchemardesques mais de plus en plus communes à l’arrivée des beaux jours. On sort alors les serpentins à la citronnelle, les répulsifs « maison », les prises antimoustiques et les bombes plus ou moins nocives pour la santé, l’environnement et la biodiversité. Et lorsque cela devient vraiment insupportable, on se barricade chez soi, fenêtre fermée, pour ne surtout pas laisser entrer l’intrus. On se croirait presque face au jeu intitulé « Tu préfères… ». Une version enfantine de l’expression « la peste ou le choléra ». Alors que préférez-vous, suffoquer dans un intérieur surchauffé ou être dévoré par des moustiques jour et nuit ?
Le moustique tigre présent sur les trois quarts du pays
La situation n’est plus celle des années 1980-1990, où l’on était dérangé principalement dans le sud de la France, lors des nuits de juillet et août. Aujourd’hui, les moustiques sont là de mai à novembre, sur tout le territoire. Et surtout, les moustiques nocturnes « habituels », de la famille des culex, les plus présents en Métropole, laissent désormais la place en journée aux fameux moustiques tigres. Plus un moment de répit.
Arrivés dans l’Hexagone en 2004 dans les Alpes-Maritimes, le moustique tigre s’est étendu à 20 départements en 2011, 71 en 2023, soit près des trois quarts de la France métropolitaine. « Le moustique tigre est essentiellement urbain. Son caractère anthropophile explique qu’une fois installé dans une commune, il est pratiquement impossible de s’en débarrasser », indique le ministère de la Santé et de la Prévention.
© Profalux
Le Visio Moustiquaire Plus de Profalux assure à la fois le confort thermique et la protection contre les insectes.
La raison d’une telle progression réside avant tout dans le changement climatique. Périodes de chaleur de plus en plus fortes et de plus en plus longues, inondations… Le « combo gagnant » pour ces insectes qui ont besoin d’eau et de chaleur pour se reproduire. Résultats : des moustiques présents plus longtemps et dans des régions autrefois épargnées. Un fléau qui, outre l’inconfort des nuits hachées par la famille Culex et des journées gâchées par la famille Tigre, s’avère parfois dangereux, avec la transmission de maladie. « L’insecte pourrait véhiculer des maladies infectieuses encore rares en France, comme la dengue », indique le portail numérique « Notre environnement » mis en place par le gouvernement pour permettre aux citoyens de s’informer sur les enjeux de l’environnement et de développement durable. Il précise ainsi que concernant le moustique tigre, « l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a mis en place un site de signalement du moustique tigre. Les zones aéroportuaires et les grands événements internationaux, points d’entrée d’insectes et de voyageurs, font l’objet d’une surveillance renforcée. »
Répondre de manière globale
La lutte contre le moustique devient ainsi un enjeu de santé publique, car au-delà du risque de maladie, il participe indirectement à la surchauffe des bâtiments. « Nous le savons aujourd’hui, aérer son logement ou ses bureaux aux heures les plus fraîches, la nuit ou à l’aube, est une solution primordiale pour faire baisser la température et assurer le confort d’été », rappelle Sabine Mariton, présidente-directrice générale de Mariton. Hélas, la peur du moustique pousse beaucoup de Français à vivre fenêtres fermées. L’habitude de fermer ses volets pour limiter la hausse des températures se généralisant, les étés risquent d’être longs, dans le noir et sans vraie aération…
Intégrer la lutte contre ces insectes aux fermetures et protections solaires devient donc un axe de travail à part entière. « En France, c’est de l’ordre du fléau, et cela ne va pas aller en s’arrangeant, surtout avec les hivers beaucoup trop doux que nous connaissons. Répondre à cette problématique de manière globale est désormais un impératif et cela va devoir passer par nos produits », estime Didier Delgado, directeur des ventes chez Griesser.
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Il est possible d'ajouter un joint sur le bas du Store zip de Griesser afin de faire obstruction aux nuisibles.
D’ailleurs la demande est bien là, et dans des régions qui autrefois n’étaient pas clientes de ce genre de produits, à l’image de la région parisienne, de plus en plus infestée. « Il n’y a plus de régionalisation, comme cela pouvait être le cas à une époque où le problème était limité au sud de la France. Aujourd’hui, il suffit que le moustique tigre soit vu dans une région pour que la demande augmente », précise Philippe Gertz, responsable marketing et communication chez Schenker Stores France. Thierry Scotton, directeur général de Lakal, indique « que ces produits sont devenus des gammes à part entière avec une croissance à deux chiffres alors qu’elles n’étaient que de simples solutions il y a encore quelques années ».
Intégrée ou indépendante
Les professionnels ont bien compris l’enjeu et sont désormais nombreux à intégrer une moustiquaire à leurs offres produit, en indépendant ou intégrées à des protections solaires. « Nous proposons des volets roulants combinés avec fonctions moustiquaire ou store et moustiquaire », explique Florence Didot, responsable du service marketing de Profalux, qui détaille les attentes des utilisateurs. « Aujourd’hui, les ménages souhaitent des produits qui, outre l’occultation, apportent des solutions pour « mieux vivre chez soi ». Les volets roulants doivent relever quatre défis : participer à une meilleure isolation en hiver, apporter plus de confort thermique lors des périodes de canicule, se protéger contre les insectes et contribuer à la sécurité de l’habitat. » Suite à cette analyse, l’industriel propose le Visio Moustiquaire, un volet avec une moustiquaire intégrée dans les coulisses et manœuvrable via un cordon placé au centre de la lame de tirage. Autre produit, le Visio Moustiquaire Store, avec une toile store qui, outre ses propriétés thermiques, assure également une barrière contre les insectes.
D’autres professionnels, à l’image de Mariton, sont spécialisés dans la moustiquaire indépendante, un produit posé en extérieur, entre la menuiserie et le volet. Si le produit le plus vendu est sans doute « la moustiquaire enroulable pour les fenêtres à la française », estime Sabine Mariton, elle évoque également des moustiquaires clipsées directement entre le dormant de la menuiserie et l’ouvrant. « Elles sont généralement installées sur des fenêtres de salles de bains ou de toilettes, des ouvertures souvent utilisées pour aérer les logements et faire des courants d’air et qui n’ont a priori pas besoin de version enroulable. Elles sont simples à poser pour les installateurs et confortables pour les utilisateurs puisqu’ils peuvent les retirer facilement si besoin. »
© Mariton
L'Insectifix de Mariton est une moustiquaire qui ne nécessite pas de perçage, idéal pour les pièces d'eau, souvent utilisées pour aérer les logements la nuit
L’industriel décline également pour les portes des moustiquaires sans barre de seuil, compatibles avec une utilisation pour des personnes à mobilité réduite, et déclipsables en hiver, « même si la toile est protégée lorsqu’elle est enroulée dans son coffre ». Autre système : la toile plissée pour un encombrement réduit. « Lorsque l’on a moins de place au niveau des tableaux, il peut être plus pratique de ne pas avoir le coffre de la moustiquaire enroulable. En, revanche, la toile sera moins protégée. »
La version indépendante est aussi envisageable pour des grands formats. L’entreprise marseillaise propose ainsi des grandes dimensions pour baies coulissantes via le modèle porte mis en double, une toile coulissante ou encore une toile zippée dans les coulisses et motorisée.
Question de destination
Certains industriels ont choisi de diversifier leur offre entre indépendant et intégré. Lakal décline ainsi des moustiquaires enroulables, coulissantes, plissées et à cadre fixe. Schenker Store propose quant à lui un système qui intègre la moustiquaire dans un brise-soleil orientable (lame en Z, lame plate ou lame ourlée) avec un système de double coulisse mais aussi le système IFR 48, une moustiquaire enroulable dans un caisson indépendant qui peut être ajoutée à tout moment sur des menuiseries déjà en place, « tant qu’il y a la place disponible pour le caisson », précise Philippe Gertz. Des moustiquaires qui peuvent aller jusqu’à 3 m de large et monter jusqu’à 6 m, idéales pour les baies vitrées.
© Schencker Stores
Schencker Stores propose une moustiquaire intégrée dans ses BSO via un système de double coulisse.
Entre l’indépendant ou l’intégrée, tout est souvent une question de destination. « Dans le neuf, la moustiquaire intégrée permet de ne poser qu’un seul produit, de n’avoir qu’une coulisse. Esthétiquement, cela prendre moins de place. Pour les moustiquaires indépendantes, tant que la place le permet, l’avantage est qu’elles peuvent être posées sur n’importe quel produit et à n’importe quel moment. Cela imposera en revanche un second jeu de coulisse. Le choix se fait vraiment en fonction du projet », note Philippe Gertz.
Le gris, bon compromis
Si la moustiquaire doit sauver nos nuits et participer à la bonne aération de nos logements et de nos bureaux, elle doit pour cela être d’une qualité irréprochable. « Un produit acheté en GSB ne sera en règle générale pas suffisamment performant. Après des nuits entières avec une prise au vent, il est fort possible que le produit n’y résiste pas. Il faut des solutions solides avec des toiles spécifiques », estime Didier Delgado.
© Lakal
Les toiles de moustiquaires doivent être étudiées pour assurer une forte résistance.
Les produits proposés par les professionnels présentent une forte résistance due à la composition même de la toile. Mariton met en avant la fibre de verre enrobée de PVC pour les toiles enroulables et des toiles renforcées en acier pour les produits fixes, en permanence soumis aux intempéries ou aux UV. Profalux fait état pour sa part de la technologie précontrainte de la toile Soltis 86 de Serge Ferrari utilisée pour son Visio Moustiquaires Store, une technique qui consiste à assurer une enduction sous tension dans le sens de la chaîne et de la trame tout au long du cycle de fabrication. L’armature souple en micro-câbles PET haute ténacité est ainsi enduite de plusieurs couches de polymères suivies d’un traitement de surface résistant à la saleté.
Autre critère à prendre en compte : la visibilité. « Une moustiquaire doit être 100 % étanche aux insectes mais juste après, on lui demandera d’assurer la visibilité vers l’extérieur. Sinon, il suffirait de fermer les stores ou les volets… et de rester dans l’obscurité ! », constate Sabine Mariton, qui indique que la transmission visuelle d’une moustiquaire est de près de 75 %. Pour garder une vision maximale vers l’extérieur, on préférera des toiles aux couleurs foncées, grises ou noires en règle générale. « Instinctivement les clients finaux demandent des toiles très claires, pensant assurer une forte luminosité. Mais dès que la lumière extérieure sera importante, le résultat sera une toile opaque… » Le gris est ainsi un bon compromis entre l’assombrissement de la pièce lorsqu’il n’y a pas de soleil et la transmission visuelle vers l’extérieur dès que le soleil est là. Nouveauté chez Mariton : la toile Vison +, « qui a la particularité d’être presque invisible grâce à un tissage particulier ».
Toile anti-pollen
Pour aller plus loin, les professionnels ont désormais décliné des moustiquaires avec des options spécifiques, comme la toile anti-pollen, ce dernier étant lui aussi de plus en plus compliqué à gérer avec les dérèglements climatiques. Les médecins généralistes l’attestent : le nombre de personnes allergiques est toujours plus élevé et la période de durée des allergies de plus en plus longue. « On peut jouer sur le tissage des toiles pour arrêter les grains de pollen. C’est une demande que l’on voit arriver, notamment pour les chambres d’enfants », décrit Thierry Scotton. Il évoque également des toiles résistant aux griffes de chat ou encore celles en inox pour les coins cuisines, « plus facilement lavables ».
Protéger la biodiversité
Loin des graisses des cuisines, les moustiquaires n’ont besoin que de peu d’entretien. « Nous préconisons de les nettoyer à l’eau avant le début de la saison car des poussières ou des feuilles mortes ont pu s’accumuler dans les rails. Un entretien minimal mais nécessaire afin que le produit dure le plus longtemps possible », note Sabine Mariton, qui rappelle qu’ils travaillent dans cette démarche d’éco-responsabilité et de durabilité. « Nous devons proposer des produits facilement démontables et réparables, avoir des pièces de rechange en stock afin de pouvoir les faire parvenir rapidement à nos clients. »
Une durabilité qui fait écho à l’aspect écologique de la moustiquaire évoqué par les différents industriels : une vraie alternative aux répulsifs ou apaisants, dont on ne connaît jamais vraiment la composition, ainsi qu’aux insecticides qui impactent durablement la biodiversité. «Un vrai confort de vie en période estivale», conclut Florence Didot