La société de conseils et d’ingénierie en performance énergétique et environnementale des territoires Pouget Consultants a publié une étude sur la base de données DPE au regard du confort d’été passif, et notamment de l’indicateur de confort d’été et des cinq paramètres qui lui sont liés.
En juillet 2021 a été introduit un indicateur « confort d’été » dans le diagnostic de performance énergétique. Il s’agissait alors du seul outil pour le grand public permettant d’évaluer l’adaptation des logements aux fortes chaleurs. Cette année, l’Alliance des industriels proposant des solutions électriques et numériques pour le bâtiment – Ignes – a demandé à Pouget Consultants d’analyser l’indicateur et ses composants à partir de la base de données de l’Ademe.
Erreurs et incohérence
Le résultat est sans appel : seulement un logement sur 10 étudiés de la base de données DPE est suffisamment adapté aux fortes chaleurs. L’étude précise néanmoins que « cette proportion est issue d’une analyse de la base DPE de l’Ademe (donc uniquement les DPE réalisés depuis 2021). Les résultats n’ont pas été redressés et ne sont donc pas représentatifs du parc de logements français ».
Un faible chiffre en grande partie dû à l’insuffisance de protections solaires extérieures et de brasseurs d’air, « un constat qui concerne également les logements performants énergétiquement ».
Autre conclusion, plusieurs erreurs ont été constatées dans le calcul de l’indicateur. En effet, l’analyse des DPE indique que les logements sont classés pour près de 21 % en « bon », 43 % en « moyen » et 35,5 % en « insuffisant » (voir encadré). Cependant, en se penchant sur les détails, « on remarque que des logements pourtant insuffisamment dotés en protection solaire ou sans toiture isolée, bien que situés au dernier étage, sont notés “bon” ou “moyen”, alors qu’aux termes des règles de calcul ils devraient systématiquement être classés en “insuffisant” ».
L’étude note également pour 32 % des logements un écart dans l’évaluation de l’isolation entre le confort d’été et hiver (insuffisante dans un cas et pas dans l’autre). Conclusion de Pouget Consultants : « 26 % des indicateurs “confort d’été” calculés dans les DPE disponibles dans la base Ademe sont erronés ».
Suite aux nouveaux calculs, on obtient 11,2 % des logements en « bon », 42 % en « moyen » et 47 % en « insuffisant ».
L’indicateur de confort d’été, qu’est-ce que c’est ?
L’indicateur est représenté sous la forme d’un « smiley » – bon, moyen ou insuffisant –, évaluant le niveau d‘adaptation d‘un logement. Cinq paramètres sont pris en compte : la présence suffisante de protections solaires extérieures, l’isolation de la toiture pour les logements au dernier étage et les maisons, l’inertie du logement, son caractère traversant et l’équipement en brasseur d’air.
La limite de la performance énergétique
Concrètement, suite à l’analyse des critères, on apprend qu’un logement sur deux est mal équipé en protections solaires pour les baies sud, est et ouest ; seuls 5 % des logements sont dotés d’un brasseur d’air ; 84 % des maisons comportent une toiture isolée ; 81 % sont traversants.
Ces chiffres – et notamment le bon taux d’isolation de toiture – démontre qu’il ne suffit pas d’avoir une bonne performance énergétique (au sens du DPE) pour avoir un confort d’été satisfaisant, et que le niveau « mauvais » n’est pas l’apanage des passoires thermique (classe F ou G). « 31 % des logements classés A sont jugés “insuffisants” au regard du confort d’été, cette proportion élevée s’expliquant quasi exclusivement par l’insuffisance de protections solaires extérieures (94 %). Enfin, seulement 10 % des logements classés A atteignent le niveau « bon » en matière de confort d’été. »
Les zones d’habitation, grande absente du calcul
Le grand absent de cet indicateur est la prise en compte des zones d’habitation, alors que l’on sait que le cadre extérieur (urbanisation, végétation, climat…) a une importance indéniable dans le confort d’été.
L’étude indique ainsi que l’indicateur « insuffisant » est surreprésenté dans les zones rurales, pourtant plus végétalisées et avec moins d’habitations, ce qui limite la surchauffe, contrairement aux centres urbains, pourtant exposés aux îlots de chaleur et concentrant finalement moins de logements inadaptés.
Une incohérence que l’on retrouve d’un point de vue climatique : le nord et le nord-ouest, les régions françaises le moins confrontées à la chaleur, auraient des logements moins adaptés à la surchauffe (toujours au sens de l’indicateur) que ceux des zones à risques – on pense notamment au sud-est. « Ce constat, qui résulte d’une adaptation du bâti aux conditions climatiques locales, ne semble pas en soi incohérent. En revanche, il pourrait être considéré que les besoins d’adaptation des logements en zones exposées sont plus importants compte tenu du climat local », conclut l’étude