La conjoncture économique se dégrade en France avec un léger recul du PIB. C'est ce que dévoile l'étude du BPCE au sujet du bilan des défaillances d'entreprises en 2023, une année marquée par un ralentissement de l’activité et des débouchés alors que l'activité est génératrice d’emploi (+ 181 000 en un an).
Un environnement inflationniste
La nette hausse de l’inflation post-confinement a impacté l’année 2023. Accentuée par la crise énergétique suite à la guerre en Ukraine, elle a engendré une hausse des taux d’intérêt. L’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentaire) est restée très élevée, voire a dépassé l’inflation totale. Cet environnement a alors complexifié l’équation des entreprises et provoqué une hausse du coût de financement en plus d'une pression très inégale sur les marges. « En 2023, la pression était forte pour les petites entreprises et moindre pour les plus grandes », a expliqué Alain Tourdjman, directeur des études et prospective du groupe BPCE. Une disparité qui dépend principalement du secteur d'activité, avec une pression plus élevée dans les secteurs serviciels et de la construction.
Le difficile 4e trimestre 2023
Alors que l’investissement des ménages a été percuté par la hausse des taux, l’investissement des entreprises a soutenu l’activité économique (renouvellement d’outil de production, investissements verts). Insuffisant, 2023 a subi un virage serré. Fort ralentissement économique, inflation, hausse des taux, la situation s'est aggravée. Si le nombre de défaillances sur l’ensemble de l’année 2023 ne paraissait pas préoccupant, la situation du quatrième trimestre historiquement élevée a été une source d’inquiétude. « Le nombre de défaillances était plus élevé que lors de la période défavorable de 2010-2015 (plus haut niveau depuis 2013) », a observé le directeur des études. Cette situation s'explique en partie par la remontée plus précoce et plus forte des liquidations judiciaires qui a engendré une dégradation de la structure des défaillances : 73 % de liquidations en 2023 contre 71 % historiquement. BPCE L’Observatoire a ainsi dénombré 56 601 défaillances en France en 2023, soit 8 % de plus qu’en 2019, et 13 904 pour le secteur de la construction.
Les perspectives pour 2024
« Les défaillances d’entreprises devraient à nouveau progresser et pourraient atteindre 62 000 évènements (+10 % par rapport à 2023) avec environ 250 000 emplois menacés », a affirmé Alain Tourdjman. Une situation qui pourrait s'apparenter à un rattrapage partiel. Le directeur a expliqué cela par l’évolution de l’activité et des taux mais aussi par l’inflation, le degré de résilience des entreprises et les remboursements de la dette Covid. La typologie des entreprises défaillantes devrait alors changer compte tenu de l’évolution des forces motrices de l’activité et du degré de rattrapage déjà amorcé en 2023 notamment pour les plus petites structures. Des perspectives sectorielles hétérogènes sont attendues pour 2024, avec davantage de défaillances dans les secteurs de l’immobilier, du bâtiment, des services aux entreprises et de la restauration. Néanmoins, les experts anticipent un rebond pour les services aux particuliers suite au reflux de l’inflation. Des effets positifs sont donc attendus et des défaillances moindres pour l’année 2024.