Bâtiment, une situation bientôt désespérée ?
La FFB a révisé à la baisse ses prévisions pour 2023, « où l’évolution de l’activité bâtiment ressortira proche de 0 % en volume ». Cela dû au logement neuf qui recule encore plus vite que ce qui avait été anticipé, le non résidentiel neuf qui ne progresse plus et l’emploi dans le bâtiment qui voit s'éteindre sa phase de croissance continue depuis 2017.
Concrètement, dans le logement neuf, on note l’effondrement des permis en glissement annuel sur sept mois à fin juillet 2023, qui se répercute sur les mises en chantier (-15 %). Pour le non résidentiel neuf, sur la même période, on note que « les surfaces commencées abandonnent 19,2 %, sans changement de rythme récent, tandis que les surfaces autorisées baissent de 1,5 % », détaille Olivier Salleron.
Deux bonnes nouvelles
Signe positif dans ce marasme ambiant : le retour de la commande publique, avec des bâtiments administratifs (14 % du non résidentiel) qui ressortent en hausse de 8,4 % en ce qui concerne les permis, grâce, notamment, aux projets hospitaliers et aux chantiers lancés par les collectivités locales.
Seconde lueur d’espoir, l’amélioration-entretien, c’est-à-dire 54 % de l’activité du bâtiment, a légèrement accéléré au deuxième trimestre 2023. « Le chiffre d’affaires réalisé affiche +2,4 % en volume sur un an, et il en va de même de la rénovation énergétique, avec +2,3 % », a précisé le président de la FFB.
Basculement vers l'intérim
En dépit des lourdes difficultés du neuf, les évolutions citées ci-dessus permettent d’obtenir un solde net de création de poste de + 2 600 postes par rapport à septembre 2022, soit 2 900 unités. Une augmentation qui ne doit cependant pas masquer le repliement de l’emploi salarié entre les deuxièmes trimestres 2022 et 2023 (-1 800 postes précisément contre +1 000 postes ETP dans l’emploi intérimaire). « L’emploi global s’infléchit et semble s’accompagner d’un basculement vers l’intérim, sans doute du fait d’une prudence accrue des entrepreneurs face à des perspectives qui s’assombrissent », analyse Olivier Salleron, qui alerte : « Si rien n’est fait, si nous laissons la crise du neuf s’enclencher, l’activité bâtiment reculera d’environ 8 % hors effet prix, soit 14 milliards d’euros en moins. S’en suivra une réelle montée des défaillances et une chute de l’emploi, avec près de 150 000 destructions de postes, salariés et intérimaires ETP confondus. »
L'évolution de MaPrimRénov' salué
Si la situation est extrêmement tendue, elle n’en est pas pour autant complètement désespérée. « Quelques mesures peuvent non plus empêcher l’entrée en crise, mais en limiter l’ampleur et la durée. C’est pourquoi le projet de loi de finances pour 2024 constitue un tournant », estime le président de la FFB, rappelant des points déjà soulevés par la Fédération :
- Le redéploiement du PTZ à 40 % sur tout le territoire et la revalorisation de ses barèmes (datés de 2016).
- Le retour au Pinel de 2022 dans l’attente de la mise en place du statut du bailleur privé.
- L’aide aux maires bâtisseurs.
- Le déploiement du bail réel solidaire.
Concernant la rénovation, si la FFB s’est félicitée du « quasi-doublement » de MaPrimeRénov’, elle s’inquiète des « ballons d’essai » sur la TVA réduite envoyés avant l’été. « La suppression du taux de 10 %, pour basculer tous les travaux non énergétiques, soit les deux tiers de l’amélioration-entretien du logement, à 20 %, constituerait un choc très favorable au retour du travail non déclaré ».
La FFB a annoncé faire de la place du logement en France l’angle principal du Sommet de la construction, le 19 octobre prochain après-midi, au Palais des Congrès de la porte Maillot, à Paris.