À travers les voix de Vivian Depoues et Guillaume Dolques, chercheurs sur l’adaptation au changement climatique à l’I4CE et deux des trois auteurs du rapport, l'I4CE indique que « si réagir et réparer peut parfois paraître plus simple qu’anticiper et abordable à court terme, il est important de garder en tête que sans adaptation structurelle, ces dépenses subies ne vont cesser d’augmenter ».
Dans cette optique, l’Institut de l’économie pour le climat a formulé cinq conclusions :
- S’il existe des éléments de chiffrage pour certains secteurs dont le bâtiment, il n’y a en revanche pas de coût unique de l’adaptation en France.
- Sans politique d’adaptation plus ambitieuse, les réactions spontanées se révèlent souvent les plus coûteuses pour les finances publiques.
- Des options d’anticipation ont été identifiées et doivent être mieux déployées, comme avoir recours à des modes de construction sobres adaptés au confort d’été et sans climatisation.
- Intérêt d’avoir un débat sur l’internalisation du risque climatique dans les modèles économiques et la prise en charge des coûts de l’adaptation, toutes les solutions n’étant pas intrinsèquement rentables.
- Intégrer l’adaptation aux démarches existantes de planification afin de s'assurer des meilleures efficacité́ et distribution possibles des dépenses.
Des arguments maintes fois répétés par le Groupement Actibaie
Ces positions et conclusions ne sont pas sans rappeler les arguments défendus et maintes fois répétés par le Groupement Actibaie. Ce dernier rappelle ainsi « qu’outre l’enjeu de santé publique que soulève la réduction de la température dans les bâtiments pour un meilleur confort d’été, les protections solaires représentent une solution vertueuse face à l’utilisation de la climatisation et doivent être privilégiées dans cette démarche d’adaptation des logements ». Une solution donnée en exemple dans le rapport de l’I4CE : « Ne pas poser la question de l’évolution du climat lors des investissements c’est prendre le risque de passer à côté d’actions qui auraient pu être réalisées en même temps ou dimensionnées différemment, comme la mise en place de protections solaires ou un changement dans le type d’isolant. […] ».
L’occasion pour le Groupement de rappeler que la mise en place de protections solaires afin d’éviter la surchauffe des bâtiments est encore mal reconnue dans les dispositifs d’aides à la rénovation (MaPrimeRenov', CEE, EcoPTZ) et dans les travaux à étudier pour une rénovation énergétique efficace. Il rappelle ainsi cinq mesures pour accompagner l’adaptation des logements :
- Rendre éligible à MaPrimeRénov l’installation de protections solaires de manière isolée.
- Réduire le taux de TVA à 5,5 % pour l’achat et l’installation des protections solaires.
- Faciliter le financement du reste à charge en intégrant les volets et les stores dans les programmes de financement de rénovations portés par l’État.
- Déverrouiller le dispositif des CEE afin de prendre en compte les travaux liés à l'adaptation des bâtiments au dérèglement climatique.
- Faire appliquer la réglementation thermique selon laquelle des systèmes de protection solaire mobiles doivent être installés avant la mise en place d’un système de climatisation.
« Il y a encore aujourd’hui des non-sens qui freinent le recours et l’accès de tous aux solutions énergétiquement efficientes comme les stores et volets qui sont pourtant les premiers remparts pour limiter la hausse des températures à l’intérieur des bâtiments et assez le confort des occupants », rappelle Hervé Lamy, délégué général du Groupement Actibaie, rappelant que « la majorité des bâtiments n’a pas été conçue pour faire face au changement climatique […]. Il est urgent d’en anticiper les effets et d’adapter les bâtiments, qu’ils soient neufs ou à rénover en privilégiant des solutions passives comme les protections solaires ».