© zatletic/123RF
En février dernier, le président de la République décrivait la France comme une « nation de bâtisseurs » suite à l’inauguration du village olympique. Un comble semble-t-il face au désarroi du secteur du bâtiment, déçu et en colère face à une politique du logement chaotique et des propositions maintes fois renouvelées. Même la bonne nouvelle de la réforme de MaPrimeRenov’ est atténuée par l’impression de perte de temps due aux divers aller-retour du dispositif. C’est ce qui ressort de la conférence de presse tenue le 12 mars par Olivier Salleron, président de la FFB, qui a confirmé l'entrée en récession du secteur du bâtiment.

Tous les signaux sont au rouge. La chute du logement neuf se poursuit, avec en glissement annuel sur trois mois à fin janvier 2024 des mises en chantier à -23,3 %. Le non résidentiel neuf est au plus bas, comme en témoigne la baisse des surfaces commencées de 11,2 % en cumul de novembre 2023 à janvier 2024 par rapport à la même période un an auparavant. Même l’activité amélioration-entretien, qui porte le marché, a marqué un tassement fin 2023, du fait d’un ralentissement de la rénovation énergétique. La Fédération française du bâtiment assure quand même « que les perspectives à l’horizon du printemps 2024 restent bien orientées, avec une activité attendue en hausse de 2,0 % à 3,0 % en volume sur un an selon l’étude du réseau des Cerc ».

Et ce n’est pas du côté de l’emploi que viennent les bonnes nouvelles. Olivier Salleron annonce ainsi la perte de 3 300 postes (salariés et intérim) en 2023, avançant même jusqu’à -90 000 postes fin 2024 et -150 000 mi 2025. Le président met en cause « la politique du logement inexistante en France », responsable de l’envolée des défaillances d’entreprises, rappelant qu’en termes d’emplois, « le bâtiment monte lentement mais chute très vite ».

Reformer de toute urgence

Autre vecteur pointé du doigt, l’état de l’investissement des ménages, qui ne cesse de chuter. « Selon les Comptes de la Nation de l’Insee, si les dépenses d’investissement en construction des ménages et des entreprises s’étaient simplement maintenues à niveau en 2023, le PIB eut progressé de 1,3 % et non de 0,9 %. En d’autres termes, la crise du bâtiment a amputé de près du tiers la croissance du pays », avance Olivier Salleron.

Bonne nouvelle, et il en faut bien une : les récents changements de MaPrimeRenov' suite aux annonces du gouvernement. Olivier Salleron martèle néanmoins l’urgence qu’il y a à reformer, « chaque semaine perdue étant une période d’inactivité pour les entreprises. Les mesures doivent être mises en place tout de suite ». Une bonne nouvelle qui ne doit pas faire oublier la perte de temps du « va-et-vient » sur MaPrimeRenov’. « On remet sur les rails un dispositif pour revenir finalement à ce qui était en place il y a trois mois », constate Olivier Salleron.

Des propositions, encore et toujours

Déçu et dépité que rien ne soit fait pour le secteur du bâtiment « alors qu’Emmanuel Macron qualifie la France de ʺNation de bâtisseurs » suite aux travaux liés aux Jeux Olympiques et à Notre Dame de Paris », Olivier Salleron a rappelé une énième fois les propositions de la FFB.

Concernant le neuf, la restauration du prêt à taux zéro, a minima tel qu’il était en 2023, est attendue, ainsi que l’assouplissement des règles du Haut Conseil de stabilité financière et l’accélération des travaux sur la suite du Pinel (et le statut des bailleurs privés). Autre point de vigilance : la limitation des risques de déstabilisation normative ou réglementaire. « Nous demandons un moratoire total sur ce champ pour quelques années. Cela inclut notamment la marche 2025 de la RE2020, que nous souhaitons voir reportée à 2028, alors que les règles actuelles rangent la France au premier rang mondial en termes de performance écologique de la construction neuve. »

Les difficultés de la REP PMCB ont également été évoquées, avec près de la moitié des points de collectes manquante alors que les entreprises s’acquittent depuis le 1er mai dernier de la taxe écocontributive.