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L’Alliance pour le logement a tenu une conférence de presse ce mercredi 24 janvier. Au programme : un point sur la conjoncture du secteur et la présentation de l’étude « Les Français et leurs perceptions de la crise du logement »*. L’occasion de lister leur proposition pour 2024 en faveur d’une véritable politique nationale pour répondre à l’urgence du logement.

2023 aura été une année catastrophe pour le logement, avec une construction neuve présentant un niveau proche de ses plus bas historiques relevés depuis les années 1990 et des transactions dans l’ancien passant sous le seuil des 900 000 logements. « Seule l’amélioration-entretien logement ressort en hausse et accélère même à +2,4 % hors effet prix, portée par la rénovation énergétique », précise l’Alliance par le logement.

Les prévisions 2024 ne sont pas vraiment plus optimistes, malgré une stabilisation et une modeste baisse des taux d’intérêt, avec en cause notamment la baisse des PTZ et des APL, la fin programmée du « Pinel » en 2025 et la réforme compliquée de MaPrimeRénov’.

La FFB a estimé que « si aucune mesure d’urgence n’est prise, l’activité en logement neuf plongera de 21,3 % en 2024, pénalisée par la poursuite de la chute des ouvertures de chantier, […]. Quant aux permis, ils reculeraient encore de 12,1 %. L’amélioration-entretien du logement ralentirait, à +1,1 %, eu égard à la réforme de MaPrimeRénov’ mais aussi à la chute des transactions de logements anciens constatée en 2023, qui pourrait baisser encore d’environ 10 % en 2024. »

Les Français conscients de la crise du logement

Les difficultés des Français pour se loger s’accélèrent. Et cela est largement visible dans l’étude réalisée par Viavoice. En préambule de l'enquête, on apprend que 83 % des Français pensent qu’il y a une crise du logement aujourd’hui en France, les trois quarts estimant que le gouvernement n’a pas pris la mesure de la crise et ne fait pas le nécessaire pour la résoudre.

L’enquête liste ensuite les mesures qui devraient être mises en place par le gouvernement, selon les personnes interrogées, pour assurer un logement décent pour tous. On retrouve dans le top cinq :

- Le développement des dispositifs de soutien à l’accession à la propriété.

- L’allègement de la fiscalité immobilière.

- La relance de l’accession sociale pour permettre à davantage de ménages avec des revenus modestes d’acquérir leur logement.

- L’augmentation des aides pour pouvoir réaliser des travaux de rénovation énergétique.

- La construction de plus de logements sociaux et à loyers maîtrisés.

Enfin, on apprend que sur 32 % des Français déclarant avoir un projet d’achat ou de location, 44 % affirment rencontrer des difficultés dans leur projet (dont 31 % estiment être totalement bloqués). En cause notamment : des taux d’intérêt des emprunts élevés et des aides à la rénovation insuffisantes.

7 sujets urgents

L’Alliance pour le logement lance ainsi un cri d’alarme, affirmant « qu’il est urgent que soit mise en place une véritable politique du logement ». Prenant en compte les résultats de l’enquête Viavoice et les prévisions économiques pour 2024, l’Alliance pour le logement a identifié plusieurs sujets jugés urgents sur lesquels les membres de l’Alliance ont interpellé le gouvernement :

- Rétablir le prêt à taux zéro qui a permis à plus de 3,6 millions de familles d’accéder à la propriété depuis plus de 30 ans.

- Dynamiser temporairement l’acquisition des logements dans le neuf par une exonération partielle des droits de mutation.

- Limiter les refus de crédit en assouplissant ou en suspendant temporairement les règles du Haut Conseil de Stabilité Financière.

- Faciliter la transmission entre membres d’une même famille pour construire ou acquérir une résidence principale.

- Mettre en place un statut du bailleur privé afin de faciliter l’investissement des propriétaires dans le neuf comme dans l’ancien.

- Massifier la rénovation énergétique pour tous les ménages en simplifiant et en stabilisant les modalités et les conditions de financement.

- Revenir sur la baisse des APL.

Les membres de l’Alliance rappellent qu’ils ne pourront pas « se satisfaire d’un vague projet de décentralisation qui conduirait à masquer l’absence de politique en matière de logement » et insiste « sur l’indispensable évaluation des besoins en logements, tant sur le plan qualitatif que quantitatif : c’est un impératif majeur compte tenu des enjeux en matière de stratégie nationale bas carbone, d’aménagement des territoires et de lien emploi-logement ».

*Enquête réalisée par Viavoice auprès d’un échantillon représentatif de la population française de 1005 personnes de plus de 18 ans entre le 5 et le 8 janvier 2024.

L’Alliance pour le logement

Fédération Française du bâtiment (FFB), Union sociale pour l’habitat (USH), Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM), Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), Pôle Habitat FFB, Procivis, Unis, Union nationale des notaires employeurs (UNNE), Union des Architectes (UNSFA), Union nationale des économistes de la construction (UNTEC).