© Javey
Puissance, encombrement, bruit, intégration, pilotage à distance mais aussi consommation énergétique et réparabilité… Les axes de développement des motorisations sont nombreux et accompagnent l’évolution des produits support tel que les portes automatiques, les portails et les portes de garage.

La motorisation des accès est une tendance de fond qui ne se dément pas. Dans le domaine du bâtiment, elle touche particulièrement les portes automatiques piétonnes, les portes de garage et les portails. Dans ces trois familles, acquises de longue date aux avantages de l’automatisation, les systèmes s’adaptent et se modernisent pour accompagner l’évolution des produits supports et de leurs usages. Le premier constat est celui d’une montée en puissance des moteurs. « Dans le cas des portes automatiques piétonnes, utilisées à l’entrée des magasins, des halls de gare, des aéroports ou encore des administrations, cette évolution est la conséquence du renforcement de la réglementation thermique des bâtiments. Les moteurs deviennent plus puissants, permettant de mettre en mouvement des vantaux devenus isolants et jusqu’à 40 % plus lourds qu’avant », note Elio Caneva, directeur de Faac France. Afin d’accompagner ce besoin de puissance, certains fabricants de portes automatiques se tournent vers des moteurs électriques sans balais, dits brushless. Il s’agit d’une technologie de motorisation synchrone à courant continu mettant en œuvre plusieurs aimants. Cela a été le cas de Softica, il y a une dizaine d’années, et plus récemment de Portalp. Comme le remarque Yannick Bocquet, directeur de Softica, « les moteurs brushless nous ont permis d’amener plus de poids et de puissance, avec un moindre encombrement et une moindre consommation d’énergie. Un même moteur peut couvrir des applications de quelques dizaines à quelques centaines de kilogrammes, sachant que nos portes automatiques pèsent jusqu’à 300 kg. Avant cela, il nous fallait souvent deux motorisations pour les actionner ».

Des moteurs plus puissants

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© Somfy
Le nouveau moteur Invisio de Somfy convient pour les portails battants mesurant jusqu’à 3 m et pesant jusqu’à 150 kg par vantail. Il est dissimulé dans le montant du portail.

On retrouve cette évolution sur le marché des portes de garage, où le changement tient à la fonction même du garage qui, de lieu de stationnement non chauffé, se transforme avec le temps en une pièce de vie attenante à la maison, servant de stockage, d’atelier ou de buanderie. Les portes de garage sont ainsi désormais de plus en plus isolées afin d’éviter les déperditions énergétiques de l’habitat.

Dans le domaine du portail, les motorisations suivent le développement de produits de plus en plus hauts, larges et fermés. Les typologies y sont toutefois plus variées, en rapport avec les produits et leur environnement. « Il y a d’une part les moteurs pour coulissants à simple ou double vantaux, relativement basiques puisque la cinématique est simple, même dans le cas des nouveaux coulissants télescopiques. Et d’autre part les moteurs pour portails battants. Ces derniers regroupent notamment les moteurs à bras articulé – de loin les plus classiques car permettant des ouvertures plus ou moins grandes et s’adaptant à des écoinçons plus ou moins importants et à des terrains en pente – les moteurs à vérins, esthétiquement plus discrets, et les moteurs enterrés, utilisés lorsqu’il n’y a aucune place pour poser le moteur ou si le client veut une ouverture à 180° », résume Stéphane Grizeaud, chef de produits chez Atlantem. Le gain de puissance est tangible sur l’ensemble des produits. « Par le passé, les moteurs à bras permettaient des applications en portail battant à double vantaux jusqu’à 2  m de large et 200  kg. Ils peuvent aujourd’hui répondre à des conceptions de 2,50 m de large et 250 kg. Dans le cas des moteurs à vérins, que l’on utilise pour des portails de plus grande taille, les limites d’emploi sont également passées de 3 m et 300 kg à 4 m et 400 kg », constate Thibaut Lambert, chef de Produits Accès au sein du groupe Somfy. Le recours à des matériaux plus légers, comme l’aluminium, aujourd’hui une tendance forte sur le marché du portail, permet cependant d’aller chercher de grandes dimensions de vantaux avec des poids qui restent raisonnables. En revanche, le fait de travailler sur des portails pleins oblige à tenir compte de la contrainte du vent dans le dimensionnement des produits. La motorisation doit être suffisamment puissante pour maintenir le portail fermé en cas de rafales.

Automatiser une installation existante

L’existant est au cœur du marché de l’automatisation. Cela est particulièrement vrai pour le portail, où la motorisation représente une plus-value supérieure à celle d’une porte de garage et vient souvent se rajouter dans un deuxième temps. «Pour savoir si l’on peut motoriser un portail, il faut vérifier qu’il peut s’ouvrir et se fermer manuellement sans forcer, sans qu’il y ait d’à coup ni de frottement au sol. Il faut également s’assurer que les piliers sont en bon état car c’est sur eux que le moteur viendra prendre ses prises pour mettre la force», rappelle Thibaut Lambert, chef de Produits Accès au sein du groupe Somfy. Pour faciliter le travail des installateurs, les constructeurs ont développé des accessoires spécifiques : des plaques de fixation pour supports irréguliers, des cellules photosensibles qui s’orientent à 180° et permettent de tenir compte des défauts d’alignement de l’existant, etc. De leur côté, les fabricants de portails conçoivent des vantaux capables de recevoir une motorisation future. «Tous nos portails, même s’ils sont livrés avec serrure et poignée, sont équipés de renforts. Il s’agit de surépaisseurs au niveau de certaines traverses qui permettent de percer et de fileter pour installer l’ancrage de l’automatisme. Le jour où le client décide de motoriser un portail manuel, il lui suffit de condamner le pène de la serrure et de fixer un moteur à bras ou à vérins», note Marc Coll, directeur de site du fabricant de portails KSM.

L’essor des mécanismes intégrés

Une autre tendance concerne la miniaturisation de certains moteurs. C’est notamment le cas pour les portes automatiques d’intérieur dont le développement, poussé par la loi Adapt sur l’adaptation des logements au vieillissement et au handicap, conduit à motoriser les portes battantes des particuliers pour faciliter le passage d’une personne en fauteuil roulant. La miniaturisation de la motorisation permet alors de concilier automatisme d’ouverture par opérateur à bras et coûts modérés. Elle est aussi présente derrière les nouvelles portes automatiques à galandage, qui font leur apparition dans le résidentiel et le tourisme haut-de-gamme, les centres dentaires (salles de stérilisation), etc. Le faible encombrement des moteurs utilisés (comme le brushless) permet ici d’escamoter la porte dans une cloison en évitant tout mécanisme apparent.

Sur le marché du portail, c’est l’arrivée de solutions plus esthétiques et intégrées qui retient l’attention. Outre des motorisations désormais disponibles aux couleurs des tendances actuelles des portails et clôtures, dont le gris anthracite (RAL 7016), il existe de nouveaux moteurs, dits invisibles, qui viennent s’insérer dans les montants. « Les moteurs sont plus petits mais ont l’avantage de répondre à de nombreuses configurations de pose comme une ouverture à 180° ou une pente éventuelle. Dans le cas des portails battants, ils viennent remplacer les moteurs à bras ou à vérins », observe Stéphane Grizeaud. Le moteur Invisio de Somfy fait partie de cette dernière génération. Sa forme tubulaire, qui lui confère une ressemblance à un gros moteur de volet roulant, lui permet de se glisser dans un montant de portail battant. Le fabricant KSM a mis en place un nouveau partenariat pour en équiper ses portails. « Nous utilisons des montants spécifiques de 120 x 170 mm - contre 45x110 mm pour les montants standards - qui viennent se greffer sur les châssis actuels. Le moteur est fixé sous le bouchon supérieur du montant, ce qui permet d’y accéder facilement », souligne Marc Coll, directeur de site du fabricant de portails KSM.

Autre tendance, le développement de motorisations plus silencieuses, notamment pour les applications intérieures ou situées proches des maisons. Les fabricants soignent cet aspect en travaillant sur la fluidité du mouvement et la réduction des frottements. Dans le cadre de sa nouvelle série Spy pour portes de garage sectionnelles, l’industriel Nice met en avant l’absence de toute chaîne et autre dispositif bruyant dans le fonctionnement du moteur, ce dernier étant seul à se déplacer sur un rail avec crémaillère intégrée. Autre exemple chez Sommer, dont le dernier opérateur pour portes de garage utilise un chariot moteur qui se déplace, non pas sur une chaîne tournante mais sur une chaîne nickelée tendue en permanence.

Connecter pour mieux optimiser le pilotage

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© Faac
Les traverses des portes automatiques qui abritent la partie motorisation peuvent être équipées de rideaux d’air intégrés, tels l’Airslide de Faac, pour réduire le flux d’air entrant et sortant d’environ 50 %, évitant ainsi les déperditions thermiques et la surconsommation.

Les évolutions concernent également le pilotage des automatismes. Dans le domaine de la porte automatique, les professionnels accessoirisent leurs produits afin de mieux répondre aux enjeux thermiques et sécuritaires. « Il existe de nouveaux détecteurs, couplés à l’intelligence de la carte électronique du moteur, qui sont capables de différencier le mouvement d’une personne se déplaçant frontalement ou parallèlement à la porte et de n’ouvrir celle-ci qu’aux personnes arrivant de face. Ces solutions sont appelées à se développer mais leur prix est aujourd’hui encore élevé par rapport à des produits basiques », note Elio Caneva.

Dans le cas des portails et portes de garage, on voit apparaître de nouvelles solutions de contrôle d’accès par claviers à codes. Le fabricant de portes de garage Javey propose une option de ce type associée à la motorisation. Comme le remarque sa directive générale, Marie-France Javey, « cela offre un avantage significatif pour les familles, notamment en termes de sécurité et de commodité. Les enfants qui rentrent de l’école ou des activités durant l’absence de leurs parents n’ont pas besoin de transporter une télécommande, qu’ils pourraient facilement perdre. Ils entrent simplement le code pour accéder à la maison ». Les systèmes de visiophone émergent également. Accessoires directs de la motorisation, ils permettent de signaler si un visiteur se présente devant chez soi, d’échanger avec lui et de donner éventuellement accès.

Rendre l’installateur plus performant

La connectivité s’invite par ailleurs sur l’ensemble des secteurs, même si son développement dans l’habitat y est moins marqué que ne l’est celui du volet roulant. « Avec une application comme la TaHoma by Somfy, il devient possible pour le consommateur final de piloter sa motorisation depuis son smartphone : soit directement sur l’écran, soit avec l’aide d’assistants vocaux ou encore par géolocalisation. Nous travaillons également à la future étape qui consiste à intégrer ce pilotage dans la voiture. Derrière toutes ces solutions, l’idée est que chacun puisse trouver la meilleure option au quotidien suivant ses besoins », souligne Thibaut Lambert. Chez BFT, une nouveauté consiste à connecter directement le portail à l’univers domotique de l’habitat grâce à l’intégration d’une connexion mobile 4G dans les modules de connectivité de la marque : une solution pour lever les problèmes de communication avec des portails éloignés de la maison.

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© Advisen
La nouvelle gamme de motorisations connectées Extel Umii d’Avidsen se décline en plusieurs versions pour portails coulissants et portails battants (moteurs à bras ou à vérins).

Mais la connectivité est également un moyen de rendre l’installateur plus performant sur ses opérations de mise en service et de maintenance, celles-ci pouvant se faire directement sur un smartphone et non plus uniquement sur l’électronique du moteur. Cette recherche est à l’origine de la nouvelle gamme de motorisations connectées pour portails Extel Umii d’Avidsen. « Nous sommes partis du constat que les appels reçus par notre hotline provenaient souvent d’un problème d’installation ou de mauvaise lecture des notices de pose. Nos produits étant distribués via la GSB et internet, nous voulions qu’ils puissent être installés facilement par un particulier non averti. Cela nous a conduit à simplifier à la fois la partie physique – prise de côte, installation sur pilier, etc. – et la partie programmation, souvent rébarbative quand elle nécessite d’intervenir sur la carte électronique. Nous avons mis du Bluetooth sur la carte électronique et développé une application pour smartphone. Pour mettre en service son installation, le client n’a qu’à suivre les instructions de l’interface graphique et cliquer de page en page », explique Alexandre Chaverot, président d’Avidsen. Le constructeur a également connecté ses moteurs en wifi de manière à améliorer la qualité de son service d’assistance. « Si le client rencontre un problème avec son moteur, avec une mauvaise programmation par exemple, ce qui est fréquent, il peut donner l’autorisation à notre hotline d’accéder aux données de l’appareil. Depuis Tours, où est situé ce service, le hotliner va pouvoir regarder la programmation qui a été faite, les codes pannes éventuels et réparer à distance le moteur », se félicite Alexandre Chaverot.

La connectivité intéresse également les spécialistes des portes automatiques piétonnes, qui y voient un moyen de faire de la maintenance connectée et d’offrir de nouveaux services à l’utilisateur final. « Une porte automatique piétonne est le point d’entrée d’un espace public ou privé. Grâce à la connectivité, il devient possible de remonter de la data, de l’analyser et de la transformer en propositions de valeurs. On peut imaginer des contrôles d’accès, des opérations de comptage de clients, de visiteurs, etc.», note Yannick Bocquet.

De nouveaux objectifs réglementaires

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Côté alimentation, les solutions solaires sont aujourd’hui disponibles chez la plupart des fabricants de portails et de portes de garage. La demande se développe à petit pas, essentiellement dans l’habitat individuel. Si les installateurs ont pris confiance dans une technologie qu’ils utilisent pour d’autres applications, il y a cependant encore toute une pédagogie à apporter pour optimiser le fonctionnement des installations. Les contraintes techniques à bien prendre en compte concernent l’orientation des panneaux photovoltaïques au sud, leur inclinaison par rapport aux rayons du soleil, l’absence de zones d’ombre, etc. Elio Caneva rappelle qu’« un portail ou une porte de garage a besoin de plus de puissance qu’un volet. Il faut faire attention à avoir une utilisation régulière de la porte, au risque que la batterie ne se décharge ». À noter enfin que d’importantes transformations restent à venir sur le secteur de la motorisation, où de nouveaux objectifs réglementaires vont prochainement entrer en vigueur. La première mesure qui s’appliquera d’ici mai 2025 va limiter à 0,5 W la consommation en veille des motorisations de portails, portes de garage et portes automatiques. Si certains moteurs respectent déjà l’objectif, beaucoup ont encore une consommation de 2 à 5 W, ce qui obligera les constructeurs concernés à revoir la composition et la nomenclature intérieure de leur électronique.

La deuxième mesure, issue de la loi anti-gaspillage de 2020, prévoit l’affichage d’un indice de réparabilité des produits. Le sujet fait l’objet de travaux au sein du Groupement Actibaie. Il engage dans le même temps les fabricants à intégrer la notion de réparabilité en amont de leurs projets de développement. Un changement de cap pour certains qui va marquer un retour vers des moteurs démontables et réparables, de l’engrenage à la carte électronique en passant par le condensateur.