Les utilisateurs ont la possibilité d’interagir avec les systèmes d’automatisation via différentes interfaces comme des télécommandes ou des applications mobiles. © Griesser
Les utilisateurs ont la possibilité d’interagir avec les systèmes d’automatisation via différentes interfaces comme des télécommandes ou des applications mobiles.
Avec des pronostics à court terme très pessimistes, le combat du XXI siècle semble être la course contre le réchauffement climatique et ses conséquences, les canicules en tête. Savoir équiper ses façades et ses ouvertures fait partie intégrante des solutions. Les gérer le plus intelligemment possible aussi. C’est là qu’intervient l’automatisation des protections solaires, indispensable pour les bâtiments de demain.

Protection solaire : automatiser pour mieux gérer

Le sixième rapport du Giec, publié en mars dernier, est sans appel. Quels que soient les scénarios d’émission de gaz à effet de serre, il estime que le réchauffement de la planète atteindra 1,5° C dès le début des années 2030. Cela avec une augmentation croissante des risques : précipitations extrêmes, sécheresses, fonte de la cryosphère, changement du comportement de nombreuses espèces… Et vague de chaleur. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat précise d’ailleurs que la décennie 2011-2020 a été la plus chaude depuis 125 000 ans. Un record à attribuer principalement aux activités humaines.

En 2022 déjà, le Giec se penchait sur les pistes à suivre pour essayer de limiter au maximum le réchauffement climatique. Il mettait notamment en avant le remplacement des énergies fossiles, le captage de CO2 ou encore la réduction de la demande énergétique… Cette dernière passerait notamment par l’alimentation, le logement, le travail et les transports.

Les Français gênés par des logements trop chauds

Si des experts se forcent à trouver des solutions pour tenter de sauver la planète et le climat, d’autres cherchent aussi à limiter les conséquences de la hausse des températures. En juillet dernier, l’étude « Les Français et leur logement », réalisée par le Groupement Actibaie en partenariat avec l’Ifop, indiquait que 69 % des Français déclaraient souffrir de températures trop élevées dans leur logement lors de périodes de forte chaleur. 30 % indiquaient en souffrir de plus en plus souvent. Des problématiques qui ne concernent pas uniquement les habitats mal isolés. Hervé Lamy, délégué général du Groupement Actibaie, expliquait alors que « les problématiques de chaleur ne sont pas l’apanage des passoires thermiques, qui totalisent déjà cinq millions de logements. Même les logements très performants sur la thermique d’hiver peuvent être très inconfortables lors de période de fortes chaleurs ».

L’étude démontrait également qu’instinctivement, 82 % des personnes interrogées ferment en premier lieu les stores et/ou les volets pour rafraîchir leur logement. La moitié des propriétaires de bien immobilier se disaient prêts à équiper ou à rénover leur logement pour l’installation ou l’automatisation de stores et volets si une aide financière de l’État était proposée. « Aujourd’hui, les dispositifs d’aides à la rénovation énergétique n’intègrent pas la problématique du confort d’été. Les stores et volets sont totalement exclus », ajoutait Hervé Lamy, rappelant que sur ce sujet, « la France est à la traîne comparée à nos voisins allemands ou italiens qui ont sauté le pas. »

Et pourtant, automatiser ses protections solaires pourrait freiner le recours à outrance à la climatisation. La même étude indiquait que 21 % des Français en étaient équipés et que 19 % des non-utilisateurs déclaraient avoir l’intention d’acheter un climatiseur, ce qui porterait le taux d’équipement des foyers français à 40 %.

Profalux.jpg
© Profalux - AdobeStock
Les protections solaires extérieures sont considérées comme les plus efficaces pour lutter contre la chaleur dans les bâtiments

S’adapter aux souhaits de l’usager

En quoi consiste l’automatisation des protections solaires ? « Il s’agit d’utiliser un système pour contrôler et gérer automatiquement les dispositifs tels que les brise-soleil orientables, les volets roulants, les stores toiles ou encore les pergolas. Ces dispositifs sont conçus pour protéger l’intérieur des bâtiments contre la chaleur et la lumière, réduire l’éblouissement, contrôler la température et améliorer la consommation, cela en optimisant le confort des occupants », explique Didier Delgado, responsable canal partenaires France chez Griesser. En résumé, faire à notre place, que nous soyons ou non présents dans les lieux, en fonction de ce que l’on souhaite : bénéficier au maximum des apports du soleil en ouvrant dès que les conditions sont propices pour réchauffer le bâtiment en hiver ; protéger les lieux de la chaleur en fermant dès qu’il y a des apports lumineux importants en été. « L’automatisation va agir pour trouver les meilleures conditions par rapport à ce que veut l’usager », indique Cécile Truffy, responsable marketing extérieur et windows chez Somfy.

Les avantages de l’automatisation ne se limitent pas au confort d’été et d’hiver. Au-delà du confort très basique de n’avoir « rien à faire » pour ouvrir et fermer ses volets ou ses stores, Nicolas Beziac, responsable technique de Repar’Stores, donne deux intérêts significatifs. « Gérer les apports de chaleur et de froid permet de limiter le recours à la climatisation et au chauffage, induisant des économies d’énergie non négligeables. Cela assure un assainissement de l’air. L’utilisation de climatiseur favorise le développement de bactéries et de champignon dans l’air en cas de mauvaise ventilation. » À cela s’ajoute la sécurité, l’ouverture et la fermeture à différentes heures de la journée donnant l’illusion que les lieux sont occupés pendant l’absence de ses occupants.

Créer des scénarios d’usage

Dans un système automatisé de protection solaire, on distingue trois éléments. Le cerveau, en quelque sorte, recueille et analyse les informations sur lesquelles l’automatisation va se déclencher. Cela peut être la météo, la température, un horaire défini ou encore l’ensoleillement. Il s’agit généralement d’une box domotique qui centralise toutes ces informations. Ensuite les capteurs mesurent les critères définis. Plus le besoin de précision est important, plus il y aura de capteurs : degrés d’ouverture, orientation des lames, ensoleillement, température, vitesse du vent… Enfin il y a le muscle, qui n’est autre que le moteur, filaire ou radio, qui va agir en fonction des conditions que va lui envoyer le cerveau. Dans le cas de transmission par radio, les différents éléments passent du capteur au moteur par le biais de fréquences. « Par la suite, les utilisateurs ont la possibilité d’interagir avec le système via différentes interfaces comme des télécommandes ou des applications mobiles », précise Didier Delgado.

Une fois les différents éléments mis en place, l’utilisateur peut créer des scénarios d’usage. Le premier niveau, le plus basique, consiste à programmer des heures d’ouverture et de fermeture. Si l’on souhaite avoir un vrai bénéfice des protections solaires et d’optimisation énergétique, il faut nécessairement ajouter des capteurs comme l’ensoleillement ou la température par exemple. L’utilisateur va alors pouvoir programmer ses équipements en fonction de ses besoins via une application. Cécile Truffy détaille les possibilités. « Avec cette méthode, il y a deux solutions. Si l’usager est technophile, il va pouvoir créer lui-même une programmation précise, définir des dates d’activation, paramétrer en fonction des saisons et des conditions météo. Plus traditionnellement, afin de faciliter l’accessibilité à l’automatisation, nous proposons des scénarios préconfigurés comme le scénario « confort thermique », où les critères de déclenchement de la fermeture des protections solaires sont déjà renseignés. Cela permet à l’utilisateur de s’approprier plus facilement le scénario en ajustant simplement les réglages déjà préconfigurés comme le pourcentage de fermeture du store ou la sensibilité à l’ensoleillement. »

Somfy.jpg
@ Somfy Activites SA - Vanessa Andrieux
La box domotique centralise toutes les informations.

La RE 2020, tremplin pour l’automatisation

La possibilité de créer des scénarios d’usage, et donc de réduire la consommation d’énergie pour le chauffage et la climatisation et d’améliorer le confort thermique des occupants, s’inscrit complètement dans le cadre de la RE 2020. En effet, celle-ci vise à promouvoir l’efficacité énergétique et la réduction des émissions de CO2 des bâtiments neufs. Sans compter sa grande nouveauté par rapport à la RT 2012 : la prise en compte du confort d’été, qui rend la protection solaire indispensable - selon les régions – afin de pouvoir atteindre les critères d’exigence de la RE 2020. « La RT 2012 a travaillé sur la performance des bâtiments – le chauffage, l’eau chaude, le bâtiment… L’étape d’après, surtout avec le réchauffement climatique, est de savoir comment on limite l’inconfort dans ces bâtiments. C’est là que les protections solaires, et leur automatisation, interviennent », note Cécile Truffy.

Compatible avec la rénovation

Si la majorité des protections solaires automatisées est posée dans le neuf, qu’en est-il du parc existant ? « Automatiser en rénovation se fait assez facilement. Si le moteur est filaire, on ajoutera un boîtier radio déporté qui prendra le relais du filaire et on mettra en place les fameux capteurs. L’usager pourra toujours utiliser son interrupteur s’il le souhaite et l’automatisation passera, elle, par le récepteur déporté », explique Nicolas Beziac. Évolution récente de ces dernières années, le moteur solaire contribue largement à automatiser des produits existants. « Les solutions sans fils sont généralement recommandées pour minimiser les travaux d’installation. Les systèmes solaires sont souvent compatibles avec les box domotiques existantes, permettant une intégration aisée dans les systèmes de contrôle de la maison », note Didier Delgado. À l’image du moteur RS 100 Solar io de Somfy, cette solution autonome se pose en remplacement ou en modernisation d’une installation existante. Le moteur est auto-alimenté par la lumière du soleil et contient un capteur d’ensoleillement intégré au panneau qui mesure la luminosité et l’ensoleillement volet par volet, permettant une gestion personnalisée et un confort thermique optimisé. Il est possible par exemple de suivre la courbe du soleil. « Nous sommes proches de l’optimum en termes d’automatisation avec cette solution puisque l’on va fermer le bon volet au bon moment en fonction des conditions de luminosité », estime Cécile Truffy.

Solaire.jpg
© Ehret
Le moteur solaire contient un capteur d’ensoleillement intégré au panneau.

Automatiser les produits rarement motorisés

Autre avantage du solaire en rénovation, il permet d’automatiser des produits qui ne le sont encore que rarement. Ainsi en est-il des volets battants, dont le taux de motorisation est assez marginal, explique Philippe Gertz, responsable marketing et communication chez Ehret/Schenker Stores. « Le volet battant concerne principalement le marché de la rénovation. Lorsqu’ils changent leurs produits, les utilisateurs n’ont pas forcément envie de recourir à une installation électrique qui nécessiterait de faire des saignées. C’est pour cela que les solutions solaires qui émergent depuis deux ou trois ans sont pour nous une grande avancée. Elles permettent de motoriser, et donc d’automatiser, sans entreprendre de travaux sur la maison. »

Solutions automatisées vs manuelles : des chiffres édifiants

Validée par Carbone 4, cabinet de conseil indépendant spécialisé dans la stratégie bas carbone et l’adaptation au changement climatique, Somfy a réalisé une simulation de gains de l’automatisation des protections solaires selon la taille du logement, sa localisation, son ancienneté et dans un bâtiment équipé de volets roulants. L’objectif était de comparer les résultats d’une version automatisée contre une version manuelle. La conclusion est nette : avec des protections automatisées, un utilisateur peut gagner, en été, entre - 4° et - 7 °C de diminution de la température intérieure lors des pics de chaleur. En hiver, les chiffres sont estimés entre - 10 et - 30 % sur la consommation de chauffage. L’écart de chaque résultat est assez large puisqu'ils dépendent notamment de l’isolation de la maison. Plus elle est isolée, plus le gain de la protection sera faible puisque le bâti est déjà bien étanche. En revanche, dans une maison des années 1960, qui a peu ou pas d’isolation, la protection solaire apporte un gain important sur la consommation de chauffage et sur le confort d’été