
Pour les portes d’ERP nécessitant un contrôle d’ouverture, l’interrupteur sans contact Magic Switch facilite l’utilisation par les personnes à mobilité réduite.
Pousser une clé dans une serrure, ouvrir la porte du garage : des gestes anodins pour l’immense majorité de la population, mais qui deviennent problématique quand apparaissent des limitations fonctionnelles. Que l’on s’intéresse aux personnes à mobilité réduite (PMR) ou aux seniors, ou même à ceux accompagnés de jeunes enfants, de poussettes ou de courses du quotidien, des millions de personnes peuvent connaître des difficultés au moment d’entrer dans leur domicile (voir encadré chiffres). Si l’adaptation des logements au handicap ou au grand âge est rarement abordée sous l’angle des produits de fermeture, l’offre de solutions se renforce avec le développement des produits motorisés et connectés.
Une offre portée par la recherche de confort
Le segment de marché le plus avancé sur l’accessibilité est celui des portes de garage et des portails. Pour ces produits, la motorisation s’impose petit à petit dans le résidentiel neuf, ce qui favorise leur contrôle à distance et leur intégration dans l’univers domotique. « La demande du marché se porte sur le confort d’usage, ce qui permet, de fait, de faciliter la vie des personnes à mobilité réduite, pointe Laura Streit, directrice Développement du groupe KSM. Depuis quelques années déjà, nous sommes capables de motoriser quasiment 100 % de nos produits. Ce qui est nouveau, c’est la variété de systèmes de commande. »
La télécommande accrochée aux clés de voiture n’a pas disparu, mais elle se double d’autres solutions. « Le smartphone est désormais couramment utilisé comme point de commande, via les applications et de plus en plus souvent par l'intermédiaire des assistants vocaux. Une fois arrivé à proximité du domicile, je n’ai qu’à demander l’ouverture de mon portail ou de ma porte de garage », se félicite Thibaut Lambert, chef de produits chez Somfy. « L’intérêt de la domotique est de pouvoir générer des scénarios qui facilitent la vie des occupants, notamment ceux qui se déplacent difficilement. Avec TaHoma Switch, je peux en une seule commande fermer mes volets, éteindre mes lumières et ouvrir la porte du garage au moment de quitter le domicile. » Déjà compatible avec l’assistant Google, la commande des portes de garage et des portails intégrée dans l’univers Somfy est possible depuis quelques semaines via l’assistant d’Amazon Alexa : « Les développements sont toujours plus longs sur les produits de fermeture parce qu’on touche à la sécurité du logement », rappelle Thibaut Lambert.
Portée par la recherche générale de confort sur les produits motorisés, la domotique offre aussi des fonctionnalités qui intéressent particulièrement les personnes à mobilité réduite ou les seniors. « Il est par exemple possible de programmer l’ouverture du portail pour 10 minutes, ce qui va permettre à une personne âgée d’aller chercher son courrier à son rythme, tout en s’assurant ensuite de la mise en sécurité du domicile », détaille Antoine Passal, chef de produits chez Avidsen. « La famille va aussi pouvoir recevoir des notifications sur l’état du portail, une approche moins intrusive qu’une caméra pour vérifier que tout va bien pour le parent. » En septembre 2022, Avidsen a mis sur le marché trois motorisations connectées pour portails coulissants (Orane, Orea et Teha Connect) afin de répondre à une demande croissante de solution globale.
Si le smartphone s’impose comme le point de commande privilégié, toutes ses possibilités n’ont pas encore été exploitées. « De nombreuses applis sont déjà accessibles via le tableau de bord des voitures : une prochaine étape sera d’intégrer dans cet environnement le pilotage des produits de fermeture, indique Thibaut Lambert pour Somfy. Depuis son véhicule, la personne à mobilité réduite pourra encore plus facilement commander à la voix l’ouverture de ses portes de garage et portails. »
Un autre axe de développement porte sur la géolocalisation. L’application IFTTT, dont Somfy est partenaire, permet déjà l’ouverture automatique des portails et portes de garage quand le téléphone approche du domicile, dans un cercle défini à l’avance. « Mais le niveau du service dépend encore beaucoup de la qualité de la couverture dans la zone », conclut Thibaut Lambert.

© Somfy - Si le smartphone est de plus en plus utilisé comme point de commande des fermetures, la télécommande reste possible pour les portes de garages et les portails.
Serrures connectées : un marché naissant
Concernant les portes d’entrée, l’approche domotique se structure mais sur un potentiel de marché plus étroit. « Les serrures motorisées connaissent de belles progressions, mais sur une base qui ne dépasse pas 1 à 2 % du marché », indique René Saling, coordinateur technique des systèmes porte de Siegenia. « Leur installation nécessite des compétences sur le courant faible dont ne disposent pas toutes les entreprises de pose. » Un autre frein du marché concerne le client final. « Quand on parle de donner accès au logement à distance, cela peut soulever des inquiétudes, surtout s’il s’agit de publics plus fragiles comme les seniors ou les personnes à mobilité réduite », résume Agnès Richter, directrice marketing et développement pour Assa Abloy France. « Il faut pouvoir rassurer le client sur la sécurité des produits, sur le plan mécanique et informatique. » Pour sa nouvelle serrure connectée Volt Linus, présentée à la rentrée 2022, Assa Abloy a recherché la certification A2P@, qui garantit la résistance des matériels de protection à l’effraction et aux cyber-attaques. Volt Linus apporte aux portes d’entrée des fonctionnalités utiles aux publics fragiles et à leurs familles : commander l’ouverture de la porte à distance, suivre les entrées et les sorties, accorder des clés virtuelles aux invités, vérifier à distance si la porte est ouverte ou fermée… « Nous travaillons à un plan de communication pour faire connaître la solution auprès d’établissements spécialisés comme les Ehpad ou les centres de rééducation, mais aussi auprès des promoteurs, dont beaucoup ont engagé une réflexion autour de l’adaptation des logements au fil des besoins des occupants », conclut Agnès Richter.

© Avidsen - Développé par Avidsen, l’interphone sans fil Extel Wave 2 peut s’installer dans la pièce la plus pratique pour la personne âgée à ou à mobilité réduite.
Encore considérée comme un produit de niche, la serrure connectée et pilotée a fait récemment l’objet de développements chez des acteurs majeurs de la menuiserie grand public : Bel’M depuis 2021, avec la possibilité de commande par les box domotiques Delta Dore et Somfy, Atlantem qui a annoncé fin 2022 un partenariat avec Somfy sur le pilotage de ses menuiseries connectées (dont les portes d’entrée) et le pionnier K-Line, qui propose l’ouverture des portes à distance depuis six ans. « Si les serrures motorisées restent plutôt axées sur le haut de gamme, on peut envisager une démocratisation du marché », analyse Nathalie Champion, chef de produit K-Line. « Nous avons fait le choix de positionner notre offre de serrure motorisée à 900 euros, hors frais de pose et d’installation et avec détecteur de verrouillage inclus. »

© Somfy - Développé par Somfy, le Door Keeper permet de déverrouiller la porte à l’aide d'un badge, d'un bracelet, d'un code ou bien du smartphone.
Points de commande variés
Le téléphone s’impose là aussi comme le point de commande privilégié, avec plusieurs approches pour communiquer avec la serrure. « Tous nos contrôles d’accès sont munis à la fois du système bluetooth et d’une connectivité wifi. Le bluetooth est bien adapté à une entrée keyless : dès que l’utilisateur s’approche de la porte, le contrôle d’accès reconnaît le téléphone et enclenche l’ouverture de la serrure sans que l’on ait besoin de sortir les mains de la poche. Mais s’il s’agit de programmer l’ouverture de la porte de garage, la connectivité wifi permettra de l’engager à 50 m de la maison, contre seulement 10 m avec le bluetooth », note René Saling, coordinateur technique chez Siegenia. En complément du téléphone, d’autres points de commande peuvent être intéressants. Pour son Door Keeper, Atlantem propose le pilotage par clavier à code et par badge ainsi que par bracelet : un système déjà utilisé dans certains Ehpad pour ouvrir les chambres ou au contraire verrouiller la porte principale du bâtiment si un résident approche trop près de la sortie…

© K-Line - Chez K-Line, l’ouverture de la porte à distance s’intègre dans l’offre Smart Home qui inclut aussi le pilotage de la porte de garage, des fenêtres et des lumières.
En plus de faciliter le passage de la porte d’entrée, les systèmes connectés ont un autre intérêt pour les seniors et les personnes à mobilité réduite : mieux maîtriser l’accès à leur logement, par exemple en ne communiquant le code qu’aux personnes de confiance, ou en vérifiant l’identité des visiteurs sur le smartphone. Des solutions complémentaires simplifient encore ce contrôle d’accès, comme l’interphone vidéo à longue portée de transmission sans fil Extel Wave 2 d’Avisen, commercialisé depuis juin 2022. « L’intérêt de ce type de produit est de pouvoir être installé partout dans la maison, et pas seulement dans l’entrée qui n’est souvent pas l’espace le plus accessible de la maison », relève Antoine Passal, chef de produits chez Avidsen.

© Assa Abloy - La dernière serrure connectée d’Assa Abloy est née de l’association de deux marques du groupe, Yale pour la motorisation et Vachette Volt pour le cylindre.
Repères chiffrés
18 % c’est la part de la population française qui aura plus de 75 ans en 2070, selon les projections de l’Insee. Soit deux fois plus qu’en 2020 (9 %).
2,7 millions de personnes en France souffrent au moins d’une limitation fonctionnelle, dont 420 000 ont une reconnaissance administrative de leur handicap (source : Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie).
2024 c’est l’année du lancement de Ma Prime Adapt, une aide ciblée sur l’adaptation des logements des personnes âgées.
Des exigences réglementaires très variables
Issues de la loi du 11 février 2005 et précisées par un arrêté du 24 décembre 2015, les exigences sur l’accessibilité varient selon les typologies de bâtiment, même si certaines mesures à mettre en œuvre sont comparables. Pour les immeubles collectifs neufs comme pour les ERP, on trouvera ainsi les mêmes règles élémentaires : portes et portillons doivent avoir une largeur nominale minimale de 0,90 m, correspondant à une largeur de passage utile minimale de 0,83 m indispensable pour le passage d’un fauteuil roulant, et un espace de manœuvre s’il existe un sas. Les dispositifs de commande des portes doivent pouvoir être repérés et utilisés par les personnes handicapées, à une hauteur comprise entre 0,90 m et 1,30 m et une distance minimale de 40 cm aux angles rentrants de parois ou de tout autre obstacle.
La principale différence porte sur le caractère obligatoire des travaux d’adaptation : la mise en accessibilité pour tout établissement recevant du public mais pas pour un immeuble d’habitation collective, sauf dans le cas particulier d’une réhabilitation importante.
Pour les maisons individuelles, la réglementation ne concerne pas les biens anciens ni ceux occupés par leurs propriétaires. En revanche, les logements neufs destinés à la revente ou à la location doivent être accessibles, notamment pour les portes d’entrée et intérieures. Des dispositifs de commandes adaptés doivent être installés sur la lumière mais aussi sur les interphones.
En complément de la réglementation générale sur l’accessibilité des bâtiments, l’installation de portes motorisées doit répondre à la norme EN 16005, qui stipule que tout contact entre les vantaux et les utilisateurs est inacceptable « lorsque les utilisateurs sont en majorité des personnes âgées, handicapées ou des jeunes enfants ». Ce qui incite le Groupement Actibaie à recommander « d’appliquer la norme pour tous les publics ».
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