Dans un communiqué de presse commun, ses 8 signataires plaident pour une véritable concertation technique afin que cette réglementation soit «réellement ambitieuse, humaine, abordable et durable».
Si la séance plénière du Conseil Supérieur de la Construction et de l’Efficacité Energétique (CSCEE) a finalement débouché de justesse ce 26 janvier, sur un avis favorable au projet de RE 2020 soumis au vote de ses 25 membres ; les principales organisations professionnelles du secteur* se sont immédiatement fendues d’un communiqué de presse commun, pour alerter sur les effets à terme de l’application en l’état, du projet présenté par Christophe Caresche, Président du CSCEE.
Ils plaident pour une «véritable concertation technique» pour répondre à l’urgence climatique «en évitant dogmatismes et expédients satisfaisants à court terme, mais inefficaces à long terme». Ils déplorent notamment un choix de modèles et de seuils risquant de mettre à mal des filières entières de production et assurent notamment que le confort d’été ne saurait être garanti si cette mouture de la RE 2020 devait être retenue.
«Pour une RE 2020 réellement ambitieuse, humaine, abordable et durable»
«Faute de concertation suffisamment aboutie, de nombreuses analyses contradictoires circulent et de sérieuses zones d’ombre demeurent. Une véritable concertation technique doit s’ouvrir, afin de parvenir à une RE2020 qui concilie lutte plus intense contre l’effet de serre, innovation, emplois et lieux de vie performants, agréables, sobres et économiquement accessibles.» alertent les huit signataires de ce communiqué émis dès la clôture de la plénière de mardi.
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Une approche économique biaisée ?
Le modèle et les seuils retenus risquant d’exclure à court terme des filières entières de production, les organisations professionnelles notent également qu’«un surcoût important est certain, à telle enseigne que l’étude d’impact présentée par l’administration confirme l’absence de retour sur investissement sur cinquante ans» remarquent les professionnels qui s’inquiètent sérieusement des conséquences sur les particuliers et la maîtrise d’ouvrage, d’une approche économique sans vision durable: "Comment les ménages et autres donneurs d’ordres pourront-ils supporter un tel choc ? Peut-on véritablement croire que la Puissance publique mettra en place un système d’accompagnement financier à la hauteur ?» insistent les professionnels.
Menace sur le logement neuf
La mise en œuvre de la RE 2020 impactera aussi d’une manière ou d’une autre le logement neuf, un segment sur lequel Olivier Salleron, Président de la FFB, ne cesse d’alerter les pouvoirs publics depuis la rentrée de septembre. L’application du texte présenté par Christophe Caresche, en plus d’être globalement inefficace au regard des objectifs fixés, pourrait bien être catastrophique en la matière, si l’on en croit les signataires : «Alors que le rythme de construction actuel ne suffit pas à satisfaire les besoins en logements, les huit organisations ne peuvent souscrire à l’idée que tomber durablement à 300 000 logements mis en chantier annuellement sous l’effet de ces contraintes constitue une réponse envisageable à l’urgence climatique».
Les professionnels en appellent donc à une véritable concertation technique pour revoir la copie de la RE 2020 avant que le texte ne soit adopté ; l’avis du Conseil Supérieur de la Construction et de l’Efficacité Energétique (CSCEE) n’ayant rappelons-le, qu’un rôle consultatif auprès du gouvernement.
* USH (Union Sociale pour l’Habitat), FPI (Fédération Promoteurs Immobiliers France), FFB (Fédération Française du Bâtiment) et Pôle Habitat FFB, CAPEB (Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment), UNSFA (Union Nationale des Syndicats Français d’Architectes) UNTEC (Union Nationale des Economistes de la Construction) et Fédération SCOP BTP.