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Juste avant la tenue de la dernière édition de Batimat, en octobre dernier, nous apprenions que le salon serait dorénavant couplé à Equipbaie. Genèse de ce rapprochement et explications avec Yannick Michon, président du Groupement Actibaie.

Technic’baie : Dans quel contexte se situe le rapprochement des salons Equipbaie et Batimat ?

Yannick Michon : Avant tout, il faut comprendre que l’évolution d’Equipbaie s’inscrit dans un profond changement sociétal, une prise en compte d’une planète qui va très mal et de la nécessité de nos professions à s’impliquer. À notre niveau, nous avons un rôle à jouer face à l’urgence climatique en apportant des solutions concrètes, pérennes et efficaces à nos concitoyens. Nos adhérents sont d’ailleurs fiers de pouvoir participer à ce besoin collectif.

Technic’baie : Concrètement, pourquoi avoir choisi de modifier le salon de la profession ?

Y.M. : Equipbaie était depuis plusieurs années en perte de vitesse avec une baisse constatée des exposants, des visiteurs et des adhérents. Après de longues réflexions, force était de constater que nous nous étions éloignés de l’idée de départ. D’un salon d’installateurs, nous étions arrivés à un salon d’industriels. Un évènement plus spécialisé que Batimat, avec une « simple » vitrine ou l’on trouvait côte à côte les produits des secteurs de la menuiserie, de la fermeture et de la protection solaire, sans réelle valeur ajoutée.

Technic’baie : Qu’attendaient les installateurs ?

Y.M. : De l’échange et du concret mais aussi de la convivialité et de la simplicité. Dans le quotidien très chargé d’un installateur, prendre une journée pour se rendre sur un salon peut avoir de vraies conséquences sur son activité. S’il le fait, c’est pour prendre du recul sur son métier, partager avec son équipe un moment plus détendu. Il a besoin de se tenir informé de ce qui se fait en matière de nouveauté, bien sûr, mais aussi qu’on l’écoute en tant que professionnel de la mise en œuvre. Il doit y avoir un échange interactif avec l’industriel de manière à ce qu’il y ait une vraie valeur ajoutée. Enfin, voir le produit c’est bien, voir sa mise en œuvre, c’est mieux ! D’autant plus dans un contexte où la formation est ô combien complexe entre le turn-over dans les entreprises et le manque de temps et de ressources pour organiser ces formations.

Dans le quotidien très chargé d’un installateur, prendre une journée pour se rendre sur un salon peut avoir de vraies conséquences sur son activité. S’il le fait, c’est pour prendre du recul sur son métier, partager avec son équipe un moment plus détendu.

Technic’baie : Quelle a été la solution envisagée ?

Y.M. : Nous – les cinq syndicats* constituant le Pôle Fenêtre de la FFB – avons proposé de changer le concept pour être le salon des professionnels de la mise en œuvre des produits de la fermeture et de la protection solaire. L’idée était avant tout de se mettre à la place des visiteurs. Avoir des stands plus petits et moins clinquants, des ateliers de mise en œuvre attenants, des boutiques permettant d’acheter le petit matériel ou les EPI, développer l’aspect convivial avec des coins gastronomiques où s’installer pour discuter, organiser des conférences thématiques sur des sujets divers tel que la difficulté de trouver des collaborateurs, qu’est-ce que la RSE ou qu’est-ce que la gestion des déchets.

Technic’baie : Le résultat a-t-il été à la hauteur des attentes ?

Y.M. : Les choses mettent toujours du temps à se mettre en place… La première édition « nouveau concept » a eu lieu à l’automne précédent le Covid et a rencontré un peu de résistance. Ce n’était pas encore le rendez-vous attendu par les installateurs. Pour l’édition suivante, le Covid était passé par là et nous sommes restés avec un arrière-goût. Les visiteurs n’étaient pas tous revenus, mais surtout les choses avaient changé. Si le concept a plu, la question de participer à ce type de salon, après des mois de chiffres d’affaires diminués, a pris plus d’importance. Sans compter que nous avons glissé vers la crise des composants et des matières premières. Lorsque l’on traverse une période compliquée, l’entreprise a tendance à se resserrer sur ses organes vitaux, à faire attention à ses marges. Avec pour conséquence un intérêt de plus en plus faible pour le salon.

Technic’baie : Sans compter le retour de Batimat à la Porte de Versaille…

Y.M. : En effet, avec le retour de Batimat au Parc des Expositions – qui se tenait depuis plusieurs éditions à Villepinte (93) – et le système d’alternance des deux évènements, cela nous imposait d’attendre une année supplémentaire. Si nous ne pouvions pas faire le salon que nous souhaitions, cela allait être compliqué d’amener nos adhérents. Et sans changement radical et significatif, il valait peut-être mieux ne rien faire du tout.

Technic’baie : D’où une tenue conjointe ?

Y.M. : C’est la suggestion collégiale que nous avons faite. Laisser Batimat, grand salon généraliste de la construction, cohabiter avec Equipbaie en faisant attention à préserver sa spécificité de spécialiste de la fenêtre, des fermetures et de la protection solaire, était ce qui nous semblait le plus judicieux compte-tenu de ces éléments.

Technic’baie : Quels sont les avantages de ce rapprochement ?

Y.M. : Le temps est désormais plus contraignant et plus coûteux. Réunir les deux salons permet aux visiteurs de faire d’une pierre deux coups et de profiter autant d’un salon plus généraliste que de celui dédié à son cœur de métier. Mais surtout, avec une prochaine édition en 2024, cela laisse encore deux étés pour que les gens comprennent l’urgence climatique et l’importance de trouver des solutions pour le confort d’été qui ne soient pas énergivores, qu’ils réalisent que cela s’installe dans le temps long et que les prévisions du Giec risquent d’arriver bien plus vite que prévu. Les industriels sont dynamiques, ils créent de nombreuses solutions pour assurer le confort d’été des bâtiments. Mais les choses sont peut-être encore un peu désordonnées parce que l’on entend tout et son contraire. Les industriels sont dans les starting-blocks, ils ont les moyens, des savoir-faire, des capacités de production et des équipes motivées. Reste à savoir ce que les politiques vont faire.

« Comprendre l’urgence climatique et l’importance de trouver des solutions pour le confort d’été. »

Technic’baie : Comment cela ?

Y.M. : Ils doivent inciter les citoyens. Nous travaillons activement à nous faire connaître auprès d’eux, expliquer nos solutions, l’importance de nos professions pour retarder le recours non raisonné à la climatisation afin de les pousser à légiférer. C’est un travail long et fastidieux, mais un salon en 2024 nous laisse plus de temps pour espérer avoir d’ici là la caution de l’État, qu’il reconnaisse qu’il existe une vraie problématique et qu’il incite les citoyens, moyennant des aides financières et fiscales, à équiper et rénover les bâtiments. C’est le rôle des organisations syndicales de faire comprendre que nous sommes face à une problématique sociétale qui nous dépasse et pour laquelle les professionnels de la protection solaire et de la fermeture sont prêts.

Technic’baie : Finalement, Equipbaie 2024, quel sera le message ?

Y.M. : Le bâtiment peut apporter une réponse à la problématique actuelle. À travers ses solutions mais aussi en expliquant comment les utiliser, en mêlant équipement et apprentissage. Il faudra du démonstratif : voilà ce que l’on sait faire et que vous pourrez proposer à vos clients.